Musée des cultures du monde, exposition destination X, Göteborg août 2012

23 octobre 2012

Quand j'ai demandé à l'entrée si c'était le musée ethnographique, on m'a dit que c'est ce qui s'en rapprochait le plus. Le déploiement de moyens est extraordinaire, mais l'entrée du musée n'est pas très courue. Les Suédois lui préfèrent les parcs d'attraction, alors même que ce musée est conçu comme une attraction. J'ai d'ailleurs vu une caricature du musée qui circulait sur face book fabriquée certainement par quelques Suédois mécontents.

Il y a de très bonnes idées, le tout est très bien fait. Mais ici comme ailleurs, les Suédois ne veulent pas nous offrir leur richesse nationale mais un méli mélo multiracial dont on a du mal à comprendre le sens, si ce n'est en tant qu'oeuvre d'art contemporaine. Seulement ce n'est ni de l'art contemporain, ni un musée ethnographique. Tout y est mélangé, tout se vaut et dès lors, on ne comprend pas bien pourquoi ce musée a été construit. Ce n'est pas un musée mais un instrument de propagande, et cela gâche vraiment ce voyage extraordinaire. Cependant l'expérience doit être tentée parce qu'elle permet au visiteur averti de réfléchir, même si c'est sur des poncifs et des thèmes transversaux difficiles à assembler et superficiels. Je n'ai jamais vu une telle ambiance de couleurs, de sons, d'images bien trouvées. Autant dire que le pire (l'idéologie, le superficiel) côtoie le meilleur (l'intelligence de mise en oeuvre, l'ambiance, l'art, le talent...)

Le coin des enfants, des écrans vidéos, des statues africaines, une ambiance construite autour des enfants :

Ambiance de couleurs et de sons contemporains :

Des entrées à la taille des enfants :

Il faut enlever ses chaussures dans la partie enfants :

A la sortie, on peut se faire prendre en photo façon japonaise...

Inévitablement le visiteur n'échappe pas à une histoire de camp de concentration faîtes d'histoires personnelles.

On se demande ce que ça fait là mais.... il y a pire :

Des gens s'expriment sur le drapeau universel d'une ethnie, wiphala, de toutes les couleurs (un peu comme celui de la gay pride). L'idée du méchant colon envahisseur contre l'inénarable gentil colonisé universaliste y est reprise, d'autant plus facilement que la Suède a souvent été un pays d'émigration. Le comble de la caricature est atteint ici quand on sait que la colonisation s'est faîte aussi au nom de l'universalisme (voir Jules Ferry)

DESTINATION X

Cette exposition propose au visiteur de se mettre dans la peau d'un émigrant. Des objets du quotidien vous font rentrer dans l'univers de ces personnes. Des mises en situation, des oeuvres d'art complètent l'ambiance très "art contemporain". Le but est d'arriver à se mettre "à la place". La manipulation est un peu grossière, mais c'est réussi. L'émigrant devient une personne à travers l'expérience vécue et ses objets qu'on nous donne en pâture. Le voyage devient intemporel. Le voyageur nomade qui veut se sédentariser, devient nous. Le tout est un peu larmoyant et orienté mais bon... J'imagine que si on avait fait une exposition uniquement du côté de l'accueillant, cela aurait été tout aussi caricatural dans la peur, dans les préjugés, et le "racisme". Ici, le pauvre émigrant est toujours pauvre, se dépouille de ses vêtements et habits pour entrer dans le nouveau monde, poussé certainement par la faim... Si on délaisse ces aspects idéologiques, on entre dans un monde formidable, fait de voyage, de lumières, d'images et de sons dépaysants.