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Au fil de mes abandons et de mes (nobles) révoltes
5 mai 2017

Laveries automatiques à la campagne et Marine Le Pen

Dans la campagne, il y a de l’espace, normalement. Et normalement, cet espace sert à bénéficier de quelques avantages par rapport à la ville. Notamment en termes de machines à laver.

 

 

Je m’explique.

 

Les studios des centre-ville sont parfois tellement petits qu’il est impossible d’y loger un tel engin. Il y a donc des laveries automatiques, où les gens payent cher la promiscuité dont ils bénéficient pour pouvoir vivre au milieu des grands centres économiques.

 

Je ne croyais pas possible que dans la petite ville près de chez moi qui peine à atteindre les 2000 habitants, située en rase campagne, il pût y avoir une laverie automatique. En effet, dans cette bourgade, les espaces sont larges, et les appartements y sont assez grands pour contenir au moins une machine à laver.

 

laverieautomatique

 

L’explication est toute simple : il y a des gens tellement pauvres ici qu’ils ne peuvent avancer les 100 euros que leur coûterait une bonne machine à laver d’occasion. Au lieu de cela, ils sont contraints de payer 4 euros, toutes les deux semaines, au moins, ce qui leur fait perdre leur temps et leur argent.

 

Etre pauvre, c’est du luxe, ici comme ailleurs. Je pense à la voiture par exemple. En campagne, la voiture, c’est obligatoire. Or le pauvre des campagnes doit entretenir de vieux cassons qui à la fin de l’année, lui auront peut-être coûté autant qu’une voiture neuve amortie sur plusieurs années. Pendant ce temps, le gouvernement traite les pauvres des campagnes comme les riches des villes. Ils payent les mêmes taxes, presque les mêmes assurances, et sont entravés par des contrôles techniques inadaptés à leur situation.

 

Ici, l’espace, loin d’être un avantage, représente une forme de contrainte, mais le puissant des villes n’a que faire de ce genre de problème. Il préfère créer des zones franches dans les banlieues tandis qu’elles seraient bien plus vitales ici. Il faut dire qu’en nombre d’électeurs, nous ne sommes plus rien. La campagne est donc abandonnée naturellement par notre démocratie. De larges déserts jouxtent des centres urbains surpeuplés. Ce phénomène gagne les villes moyennes, et il est à se demander si nous ne créons pas un monde qui fonctionnera sans humains.

 

Sur le parking du centre commercial bas de gamme, à côté de la laverie, le regard des gens était significatif. J’y ai vu un grand besoin d’être reconnu. Il serait temps que les puissants voient les pauvres, et en reviennent à l’humilité des temps d’avant. Leur devoir est de montrer l’exemple, et de considérer les simples gens. Pas de les mépriser. Au lieu de cela, j’ai remarqué combien les urbains modernes jouaient à se distancier, pour jauger de la supériorité des uns et des autres, chez des catholiques à la Fillon par exemple. Ils devraient plutôt baisser le regard au niveau du pauvre, pas en-dessous, ni au-dessus, mais juste à son niveau, pour contribuer à réparer ce monde d’humiliations.

 

Dimanche, vous l’aurez compris, je vais voter Marine Le Pen.

 

Je pense qu’elle est moins brillante qu’Emmanuel Macron. Je pense que son programme est moins cohérent, et qu’il sera moins créateur de richesses. Cependant je crois aussi que ce monde cohérent, riche, et brillant, n’est pas un monde viable, qu’il est foncièrement laid, injuste, inique, hypocrite, et dégradant. Dimanche, je serai donc à côté des pauvres et de leurs espérances légitimes pour dire que je ne suis pas meilleur qu’eux, car parfois il faut savoir voter contre toute logique et dans un élan du coeur salvateur, pour réhabiliter notre responsabilité collective.

 

Marine Le Pen, c’est le choix d’une France qui veut se regarder dans les yeux, non pas d’une France qui joue l’entre-soi en évitant de remettre en question ses croyances, lesquelles nous poussent lentement à la catastrophe. Car si des gens de ma contrée sont obligés de venir sur un parking et payer pour laver leur linge, comme jamais cela ne s’est produit auparavant, je ne souscris plus à notre développement.  

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Commentaires
S
Parce que nous étions au deuxième tour, que l'extrême gauche n'a pas encore renoncé au communisme, et qu'ils n'ont pas de vrai projet politique, sinon celui de la jalousie et de l'irresponsabilité.
Répondre
P
Et pourquoi pas l'extrême gauche, plutôt que l'extrême droite?
Répondre
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