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Au fil de mes abandons et de mes (nobles) révoltes
9 septembre 2017

En faire trop

trop de fruit

 

La plupart des gens pensent qu'il est préférable de beaucoup donner dans la vie. Signe de réussite, exaltation de la victoire, récompense offerte au monde...

En fait, un arbre dopé c'est comme un être humain qui en fait trop. Les bonnes années, il casse sous le poids de ses fruits.

A l'origine, ce pêcher n'était qu'un arbre buissonnant au milieu d'autres. Ensemble, ils affrontaient les tempêtes, les parasites, les animaux qui dévoraient leurs pouces. Ses branches basses lui donnaient un centre de gravité proche du sol, prompt à le consolider. Ce n'est qu'après une longue vie qu'il s'étendait, et prenait l'aspect d'un arbre fruitier tel que nous les imaginons. 

L'humain est très pressé. Il prend le but pour le chemin. Pour lui, il faut tout de suite que le petit arbre jeune, ressemble à l'adulte fort et triomphant. Mais fragilisés, ce genre d'arbre n'arrive quasiment jamais à maturité. Car pour cela, il faut lui donner moult béquilles. L'ajout d'engrai ne fait que renforcer le problème. Le bois poussé trop vite est cassant. S'il devient vieux, ce n'est qu'à force d'acharnement, de la part du cultivateur. En général, il le remplacera au bout de quelques années, car il finira bien vite, épuisé, malade. Tant pis, se dira celui-ci, il aura donné quelques fruits entre temps.

La métaphore naturelle est pauvre par rapport au monde spirituel. Cependant elle doit être intégrée pour aller plus loin. En méprisant notre nature, nous nous condamnons à vivre handicapés, à mourir jeune ou à ne jamais devenir autonomes, à simuler la force, à nous gargariser de donner de gros fruits qui n'ont aucun goût, tandis que nous pourrions en donner de tout petits avec pas mal de parfum.

Et à ce jeu, en comptant les efforts fournis, l'énergie gaspillée, le temps et l'argent, il n'est même pas certain que les quantités soient au rendez-vous par rapport à un arbre ayant poussé de manière harmonieuse.        

L'humain est appelé à dominer la nature. Mais souvent, incapable de la comprendre, pourtant doté d'un gros cerveau, il fait pire. Pour dominer la nature, il serait préférable de la comprendre au préalable. Les règles qui nous parraissent naturelles et qui font de nous des animaux, nous fourvoient. Dominer la nature, c'est aller au-delà de ce qui nous apparaît comme des vérités immuables. Voilà à quel prix nous pourrons la faire réellement prospérer.  

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