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Au fil de mes abandons et de mes (nobles) révoltes
14 octobre 2020

Bien être animal

Voilà ce qu'est le bien être animal :

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Mon père a toujours rigolé quand j'évoquais avec lui la vie paisible des vaches dans leur pré, regardant avec flegme les voitures passer, indifférentes au bruit des moteurs pressés. C'était une vie à l'exacte opposé de la sienne. Les a-t-il jamais enviées dans un petit coin de son esprit ? Toujours est-il que l'autre jour, à la manif anti PMA, je lui ai dit que les végans ne voulaient plus voir de bêtes élevées pour leur viande car ils assimilaient ce mode de vie et cette mort à de la maltraitance animale. Il a trouvé cette idée tellement absurde que les mots lui ont manqué. Nous sommes d'origine paysanne, mes deux grands-pères l'étaient encore. Et nous n'avons jamais vu l'ombre d'un élevage industriel autour de chez nous. 

Du coup, quand je suis tombé sur ce champ, je me suis dit que pour l'histoire, il fallait prendre ces photos. Chaque année, ces oiseaux blancs reviennent à la même époque, en automne et retrouvent leurs copines de l'année passée. Et je te gratte, et je te saute sur le dos, et je vis à l'abri de l'humidité, bien au chaud sur mes hauteurs, et je passe de l'un à l'autre.

Un monde sans vache, je n'ose l'imaginer, je n'ai pas envie de l'imaginer, alors que je ne suis même pas fermier. Les vaches que je croise en vélo me font du bien, un bien fou. Je les salue d'ailleurs à chaque fois (quand il n'y a personne aux alentours !). Oui, elles vont mourir pour leur viande, mais après une existence qu'aucun être humain sur cette planète folle n'aura jamais eue. Les vaches affreusement maigres en Inde, laissées libres de circuler, ont tout à leur envier.

Je sais que l'univers concentrationnaire des grands élevages n'a rien à voir avec mon environnement charentais. Mais justement, j'aimerais que nos militants végans se le rappellent. J'aimerais qu'au lieu de rayer d'un trait 10 000 ans d'histoire commune avec les bêtes à cornes, ils envisagent combien leur disparition représenterait une dernière et ignoble forme d'ingratitude envers elles. Car oui, nous avons profité d'elles, mais oui, nous leur avons offert des conditions de vie qu'aucun animal sauvage ne connaîtra jamais à cause de la rudesse de la nature. Nous leur devons tant, toute notre civilisation pour ainsi dire, et j'espère que nous saurons préserver, dans un dernier geste honorable, ce compagnonnage gagnant gagnant.

A cause de la bêtise du consommateur, nombre d'espèces ont déjà disparu, et les pratiques de maturation de la viande se sont appauvries. Les agriculteurs qui se concentrent sur l'élevage vivent chichement, ils exercent leur métier par passion. Il est plus que temps de se régaler de bonne viande. 

J'en terminerai ainsi : aucune personne n'a jamais pu empêcher la mort d'un animal, ou d'un être humain. Peut-être parfois, des vies ont-elles été prolongées. Seulement un peu. Ceux qui nous rendraient immortels, loin de nous libérer, nous plongeraient dans un désespoir sans fin, une vie où nous serions forcés de nous suicider. De nos jours, nous avons encore ce luxe de pouvoir subir la mort, nous et les vaches. Qu'elles meurent sous notre couteau n'a rien de dégradant. Cela fait partie de l'existence. Tout comme aimer, sourire, souffrir, tout comme mourir. Ceux qui voudraient nous priver de cela n'aiment pas les animaux. Ils détestent surtout la vie telle qu'elle est, avec ses joies et avec ses peines qui lui sont indissociables. Libre à eux de vouloir vivre ainsi. C'est leur choix comme dit la publicité. Mais qu'ils nous laissent aussi libres de vivre une vie pleine et entière avec nos vaches et tout le saint frusquin. Nos choix sont aussi légitimes que les leurs, au moins. 

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Commentaires
S
De la viande artificielle à Singapour : http://sebastiencornut.canalblog.com/archives/2020/10/14/38591025.html#comments
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