(Poème) Non, je ne vous aime pas
Non, je n’aime pas votre peau blanche
Ni votre bouche framboise
Ni vos yeux turquoise
Ni votre taille avenante
Ni vos mains dans les miennes
Ou votre innocence
Ou votre voix qui chante.
Si je pense à vous tout le temps,
C’est l'aigreur
D'une vieille bête trop sage
Bien dans son trou, avec ses rêves délirants
Et j'imagine, idem si je passe par tous les états,
De la joie au désespoir.
Votre présence me rend serein
Votre intellect s’accorde au mien
J’aime votre jalousie
Par démence, par orgueil,
Parce que je ne suis qu’un enfant.
Quand vous me prenez par le bras
Si nous ne faisons qu'un
C’est simple, hommes et femmes s'attirent
Dès qu'ils se rencontrent
Tels deux masses dans l'univers.
Et si par le plus grand des hasards,
Je vous aimais,
Je n’en aurais même pas le droit
Je suis trop âgé, et vous trop jeune
Marginal, je rejette cette société
Or chaque femme mérite sécurité.
Vous n'êtes qu’une idée,
Abstraite
Vous me fuyez, vous m'approchez,
Je ne prends pas ce qui m'est dû
Je suis un lâche,
Désormais, vous le savez
Handicapé du désir, castré
Poète !
Embourbé dans ses doutes et sa graisse morale
De bâtard catholique entêté.
Et puis vous me détestez
Surtout cette emprise que j'ai sur vous
Vous ne l’acceptez pas
Vous vous en défiez
Vous ne vous assumez pas
Vous ne voulez rien devoir
Jamais vous ne m'accepterez.
Sans compter qu’avec l’autre,
Vous cédez à force de faire semblant de lui céder
Vous me jetez dans ses filets
Je suis battu, à plat de couture
J’ai peur de devenir votre jouet
Un passe-temps, un amusement
Incapable de résister
Non, je n’aime pas cette légèreté
Que j’ai tant pratiquée
La vie doit être compliquée.
Et puis j’attends tout de vous et vous attendez tout de moi
Comment voulez-vous y arriver ?
N’ai-je pas mes raisons qui valent bien les vôtres ?
Mes sentiments vous gênent ! La belle affaire !
Vous ne savez pas quoi en faire !
Mais vous, n’êtes-vous pas un caillou dans ma chaussure
Qui m’empêche d’avancer ?
Vous me direz, évidemment, cette inspiration que vous me donnez
Et que je nourris en vous.
Je suis le professeur et vous m’élevez
Telle est la nature de nos deux êtres.
Est-ce à dire que je vous aime !
Non, exception à la règle.
Vous voyez à quel point je ne vous aime pas
Combien il sera facile pour moi de vous oublier
Et de construire d’autres châteaux en Espagne
L’amour, ce monstre froid,
Que tout le monde dompte facilement,
Un choix rationnel parmi tant d'autres,
Je le rejetterai
Oui, je ne vous aime pas.