Mam

Oh Mam, qu’est-ce qui nous fait vivre si ce n’est l’amour ?

Tu le savais, tu le sais peut-être encore là où tu es.

C’est marrant de vivre à côté les uns des autres,

Faire un bout de chemin ensemble près des rosiers et des cactus,

D’être des petits enfants de rire, de sourire de voir des gens qui nous aiment vivre.

Tout petit, près de nous, il y a quelqu’un qui marche doucement,

Qui nous surveille et nous accompagne, qui nous soutient quand les premiers mots jaillissent du stylo hésitant. Des gens comme toi, imparfaits d’aimer, façonnant d’amour le long des années,

Brisant l’incertitude par la vie belle et magnifique.

Je voudrais dire une souffrance, une passion, une amitié quand tout va mal.

C’est ton mot de la fin, c’est ta dernière phrase.

Là est la dignité de l’homme.

Quand tout va mal, sourire encore, pour les autres parce qu’on aime parce qu’on est imparfait, parce que la vie

S’en va de vous à petits flots et qu’on s’interdit de la laisser partir.

La Force, oui la force.

Des petits êtres si pleins de force nourrissent les grands êtres si chancelants.

Ne pas voir cet étouffement, cette brisure de l’amour étouffant,

Non il y a l’amour, il y a la force, il y a le lien, le passage,

Le témoin donné avec vigueur quand tout s’en va,

Quand rien ne reste, que tout doit partir, soldé par un marchand lubrique, qui nous délivre dans les souffrances. Ne doit rester que le bonheur quand le vin vieillit.

L’eau de vie a donné ses derniers fruits froids.

Ne plus te voir et dans tout te voir.

Etre encore accompagné, avoir reçu, facilement donner

Parce que la source magique était là, souriante, bienfaisante, dure, pour le bien et le mal,

Marcher doucement et nous, à côté, maintenant grands,

Si grands que nous en sommes ridicules au point qu’on voudrait rester petits,

Etre minuscules pour ne pas faire injure à la justice.

Mais la vie veut cela.

Elle fait de grands bêtas qui ont l’apparence de la Force mais qui ne l’ont pas.

Heureusement ils finissent par devenir tout petits comme toi,

Ils sourient et voient des êtres bien grands à leurs côtés.

Ils ont la Force et cela les fait vivre ces grands benêts.

Et eux, ils donnent sans compter à la source inépuisable.

Ils vont devenir forts et donnent aux tout petits.

Alors après, ils sont là, de la famille ou pas, du sang ou pas, présents ou pas.

Ils pensent et pleurent, ils rient et pensent à toi, petite près du chail,

Des roseaux, des vaches et du cheval, ils pensent aux crèmes à la vieillesse, au partage, au repas.

Qui dira du mal ?

Moi.

Car le mal a fleuri dans de bonnes intentions,

Alors ça devient une qualité parce qu’il y a aussi l’intelligence et la force.

Encore ce maudit caractère des femmes en lutte, des femmes transcendées par la vie et l’héritage heureux,

La culture bénie, la noblesse de l’âme, des rencontres, de l’amitié entre les hommes de Roumanie,

De l’estime perdue de notre société, de la politesse et du respect vivant dans le passé.

Témoins d’une lumière, d’une âme.

Tu n’es plus là.

Pas le droit de retenir que ça.

Fin.

Pour toi, je suis encore "ton Laurent".

(Poème) Mam, 2003

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