Lecture AUDIO :

La vie ne concerne pas les gens sérieux

Alors, laissez-moi aller sur votre sein blanc

Que j’y pose ma tête chauve, mes cheveux grisonnants

Faisons comme si nous avions réussi à nous parler

Faisons comme si nous avions réussi à nous trouver

Faisons comme si vous n’étiez pas engagée

Tout est possible le temps d’un poème

Vous le savez.

Ici, une rencontre peut changer la vie

Différence de classe, de caractère, d’âge

Sont sans importance

Remontons le temps

Jusqu’à cet instant

Où je vous ai fait rougir

Croyons croyons qu’il y aurait eu un chemin ensemble

Que vos yeux noirs qui me regardaient

N’aient pu retenir leur colère

Que moi-même avec mon coeur sec

J’eusse cédé à votre attrait

Vous capturant entre mes bras

Que vous eussiez pris au sérieux une telle boutade

Sur un quiproquo

Que nous eussions abandonné toute logique

Qu’il ait suffi d’être ému pour s’engager à vie

...

Louise, rare écrin, féminin,

Fait de conviction,

De désir de justice

Dans un monde où le vice et le mensonge prospèrent

Louise,

Ces yeux qui cherchent

La vérité

Qui percent les mystères de mon âme bonhomme pour y voir...

Une liberté que vous chérissez

Une colère plus dure encore que celle que vous portez

Je n’ai rien d’autre vous le savez

Et pourtant vous avez osé porter un regard

Des fois,

J’aimerais que le monde ne soit pas raisonnable

Je voudrais qu’un coup de dés se transforme en sagesse

Que votre grand corps gauche et maladroit ait connu mes caresses.

Louise vous avez trouvé le bon parti, l’homme parfait,

Nous connaissons tous cette histoire, rare.

Il faut la vivre, il faut le vouloir, son bonheur,

Votre compagnon est le meilleur qui soit

Il est beau il est jeune, intelligent, c’est évident

Vous serez son objet chéri

A ce chapitre, je souscris.

A moi l’écriture, anonyme,

Il n’y a pas de « tant mieux » sans « tant pis »

Je vous mets donc en gage

A la banque de mes souvenirs

La part de mon âme

Qui vit encore

De votre côté, je vous en intime l’ordre :

Fuyez pauvre folle

Repeuplez la France

Apprenez à vos enfants la révolte

A aimer les poètes

Voilà quelle sera votre cathédrale.

Malgré tout, et puisque vous n’en saurez jamais rien

Que les femmes sont des êtres raisonnables

Je peux bien vous le dire ici, face à face,

Lâche et loin,

Je suis sensible à votre intelligence crue

A votre beauté rebelle

A votre gêne de grande gazelle

Courez ma belle

Nourrissez cette colère, vous trouverez la paix

Louise, notre union n’aura pas lieu,

Notre rencontre ne connaîtra ni ratés ni lendemains

Je ne vous subjuguerai pas de ma force qui décline

Mais... je m’autorise

A boire cette gorgée d’eau pure au milieu de mon désert

Parfois la vie prend sens sur de courts instants

Une rencontre qui ne se fera pas, un regard, perdu,

De la bienveillance

Une vie qui commence, une autre qui s’échoue

La possibilité de monter dans une barque

A deux pas du rivage

Qui ne peut aborder à cause des récifs

Un homme solitaire qui est là sur la rive

Amoureux du paysage

Et qui se dit ;

« La Création est merveilleuse

Que Dieu est bon

Que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes

Qu’il est beau ce désir seul »

Alors même qu’il ne se réalisera pas.

(Poème) Louise

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