Jardin de campagne, Versailles et compagnie

Un jardin typique de la campagne près de .... Versailles. Il m'a fallu aller près de Paris pour voir un jardin de campagne tel qu'il en existait il y a longtemps maintenant, sobre, lumineux, bien agencé, avec des couleurs harmonieuses. Le jardin de Sophie...
Merci à Sophie et à Philippe de nous avoir accueilli!

Allez! juste pour le plaisir :

En promenade au jardin de Versailles, je ne pouvais pas ignorer la salle de bal, où les gens dansaient ces mêmes danses que nous faisons apprendre en stage, association baroquissime oblige. Comme dans de nombreux endroits dans le jardin, il faut faire preuve d'imagination. Outre les nombreux arbres qui ont disparu à cause de la tempête de 99, beaucoup de bosquets n'ont pas leur structure d'origine. Nous n'avons pas toujours réussi à préserver le luxe de ce lieu. Ici, il faut imaginer une scène de bois entourée d'eau!!! Qu'est-ce que j'aimerais danser à nouveau sur une telle piste reconstituée à l'identique...

J'ai trouvé cette photo paternelle touchante. Il me semble que Pan y tient Bacchus, mais peut-être n'est-ce que le fruit de mon imagination :

A Versailles, les peintures des encadrements étaient jaunes ocre-or soutenu. Elles sont en cours de restauration. Je n'en ai pas l'explication  mais j'imagine que cette couleur a été choisie pour retentir avec celle des grilles plaquées or. Qu'est-ce que vous en pensez ?

Ca me fait toujours marrer quand la République s'approprie les symboles de la monarchie pour afficher qu'elle est en terrain conquis. Ce n'est pas le drapeau français qui devrait flotter au-dessus de Versailles, mais le drapeau américain puisque nous leur devons l'argent des principaux travaux de restauration dont celui du parc. Dans le château, j'ai d'ailleurs rencontré un américain. Nous étions le 8 mai et tandis que nous commémorions tièdement la fin de la seconde guerre mondiale en oubliant de les remercier, en ce jour, il contemplait ému et reconnaissant une des scènes de bataille peinte lors de l'indépendance des USA où apparaissait l'armée française qui les avait tant aidé. Eux, se souviennent de Lafayette, noblesse oblige. Quant à nous, nous ne sommes capables que d'un anti américanisme primaire.

Louis 14, ce roi superfétatoire, avait-il l'intuition qu'il deviendrait dévot à la fin de sa vie, alors qu'un brin d'humanité transpirait de de cette peinture tandis qu'il apposait gentiment la main sur la tête de cet enfant ? J'aime à le croire. Pauvre Louis 14, tu es mort en ayant perdu tous les tiens ainsi que tes illusions et cela pour bien te punir du blasphème de toute une vie. Belle leçon que le visiteur oublie un peu rapidement. Lui, le plus grand, qui se croyait le Dieu soleil, droit absolu, divin etc... à la fin s'est retrouvé simple chrétien face à son Seigneur. L'histoire dira-t-elle s'il s'est repenti ? En ce qui me concerne, j'en suis certain. Cela ne sauvera pas la monarchie deux générations plus tard.

Parmi toutes les insignifiances artistiques présentes à Versailles, il faut en extraire la peinture de Philippe le Bel où le caractère vengeur du personnage transparait. Enfin des sentiments! (bon, c'est vrai que toutes ces peinture n'ont pas été conçues pour devenir des oeuvres d'art mais une galerie de photos ou de portraits, égocentrisme oblige)

J'ai craqué pour les macarons de Ladurée qui sont vendus dans le château de Versailles. Ce n'était pas raisonnable, mais le ventre a des raison que la raison ne connait pas. Et c'est vrai, ils sont délicieux :

Ah Paris! sa vie. A l'Eglise de Montrouge vous pourrez voir qu'on a écrit à même le béton et de travers. La rectitude y perd ce que la spontanéité et la confiance dans le Christ y gagne :

Pour les commémorations du 8 mai à Versailles, j'ai pu admirer une exposition très originale sur ces gendarmes et policiers qui n'ont pas obéi aux ordres durant la seconde guerre mondiale, au péril de leur vie. Le sujet m'émeut particulièrement car j'y vois là l'essence de l'humanité : la révolte contre l'absurde malgré toute la pensée commune :

Et le magnifique témoignage de Boris Cyrulnik dont je vous réserve un extrait particulièrement émouvant :
"A l'âge de 6ans et demi, j'ai été arrêté à Bordeaux la nuit, chez la famille Farges qui me cachait...
Lors de mon évasion, au moment du transfert vers les trains qui emportaient les adultes et d'autres enfants vers Drancy, relais vers Auschwitz, toute une chaîne de solidarité m'a protégé. Récemment j'ai découvert qu'une des premières personnes à participer à cette chaîne était un gardien de la paix!
Aujourd'hui, je me demande pourquoi cet homme, que je serais incapable de reconnaître si je le croisais dans la rue, ne s'est pas laissé entraîner au bonheur de se soumettre. Quant autour de lui, la culture récitait avec flamme des slogans absurdes qui condamnaient à mort. Lui, a su garder sa liberté de penser. Comment expliquer cela ? Il n'était probablement ni plus fort, ni plus instruit que les autres mais il a su juger par lui-même et de décider de pas livrer un enfant de 8 ans à la mise à mort. Il risquait gros probablement en refusant d'obéir aux ordres. En fait, je crois qu'il n'a pas refusé d'obéir, simplement, il n'a pas obéi ce n'est pas la même chose. En refusant, il se serait mis en lumière et aurait été puni. En n'obéissant pas, chez lui, il gardait sa dignité d'homme libre qui n'avait pas besoin d'éprouver le bonheur de la servitude. Il n'avait pas l'étoffe d'un héros non plus puisque, comme tous les Justes, il n'en a pas parlé. Il a dit quelques mots comme ça, en passant et en expliquant qu'il ne pouvait pas faire autrement. Il a gardé chez lui, un enfant qu'il ne connaissait pas et dont la simple présence compromettait sa carrière et peut-être même sa vie. Si ce gardien de la paix avait pointé son arme sur un enfant, il serait mort de honte probablement. Voilà pourquoi il ne pouvait pas faire autrement. Voilà pourquoi il faut parler de cet homme en employant le mot "dignité".
D'autres policiers ont sauté sur leur vélo ou couru pour prévenir de l'heure de la rafle. Puis ils rentraient mettre leur uniforme et obéir : "Ca alors, l'appartement était vide!"
...
Grâce à de tels hommes et de telles femmes, il n'y a eu en France "que" 11400 enfants brûlés dans les fours. C'est beaucoup moins que dans les autres pays européens où 9 enfants sur 10 ont été assassinés... légalement!
Une institution d'Etat, nécessaire pour assurer la co-existence des citoyens peut dériver vers la perversion sociale quand son idéologie provoque l'euphorie de l'asservissement à un chef vénéré, la passion pour un dictateur incritiquable.
Par bonheur, il y aura toujours des Justes pour prouver la banalité du Bien."
(54 gendarmes et policiers ont été élevés au titre de Justes par les Juifs)

Ah j'allais oublier le principal du voyage. La R18 de Denis. Un monument de l'histoire des voitures (qui commence à donner des signes de fatigue).  En voulant me mirer dans la glace avant passager, j'ai eu une grosse surprise. Personne ne l'avait nettoyée depuis moult années. J'ai passé mon ongle dessus pour repousser fermement une trainée de crasse poussiéreuse et bien accrochée. C'était bien vrai. J'ai éprouvé un sentiment identique à l'archéologue qui dégage une oeuvre d'art ancienne de la terre où on l'avait oublié depuis des siècles. Allez savoir pourquoi :