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Au fil de mes abandons et de mes (nobles) révoltes
28 juin 2010

Oradour sur Glane

Dans un de ses romans, Thomas Harris émet l'idée qu'aucun lieu n'est véritablement hanté mais que les hommes le sont au moment même où ils observent ces lieux.
Malheureusement, les murs de ce village sont désormais entretenus, les tilleuls y sont taillés, les objets trop fragiles précautionneusement retirés, et pourtant... qui ne ressent pas une angoisse ici, à qui ces ruines ne parlent pas ?
A Oradour, nous essayons de comprendre notre propre barbarie. Nous imaginons être très loin de ces Allemands qui ont commis l'irréparable mais il y a cette autre intuition qui nous travaille, la petite voix qui nous rappelle toutes nos compromissions, tous nos arrangements avec la vérité, tous nos écarts de conduite. Si nous savons mettre des mots sur cette intuition, nous découvrons, de manière explicite, que chacun d'entre nous n'est pas si éloigné de la barbarie qu'il ne le pense. Alors le massacre de ces innocents devient un acte bien plus familier que nous ne l'aurions imaginé, et horrifiés par un tel geste, nous le sommes en fait par notre propre capacité à plonger doucement dans le mal.
La société allemande était une société en cours de déchristianisation à l'époque, la faiblesse était synonyme de mal, la force et la puissance synonyme de bien. La Chrétienté était la communauté des faibles. Aujourd'hui encore en France, nous répétons l'histoire. Nous percevons le Christianisme comme une religion qui nous serait devenue inutile. Le bien et le mal ne sont pas force et faiblesse, mais ils n'existent plus, tout simplement. Nous nous sommes carrément exonérés de réflexion sur le bien et le mal parce que nous ne supportons plus aucune forme de culpabilisation (normal quand on ignore le pardon).
Ici même en France, la barbarie n'est plus très loin et je pense qu'Oradour su Glane continuera à nous parler, peut-être de plus en plus quand, à l'image de ces Allemands, nous aurons commis l'irréparable.
Pleurez à chaudes larmes en ces lieux, vous êtes hantés par votre propre conscience, par une réflexion vivante.
Oradour sur Glane c'était hier, c'est maintenant, mais surtout, c'est l'homme de toujours.
J'aurais pu choisir une photo grandiose, en ces lieux, il y a plein d'oeuvres d'art à commettre tant cette ville est particulière. Cependant c'est une ruine toute simple qui m'a ému.
Peut-être saurez-vous comprendre pourquoi...

 

 

PHOT0001

 

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