Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Au fil de mes abandons et de mes (nobles) révoltes
12 septembre 2011

Vivre de Kurusawa, à la sauce frenchie

Je n'aimais pas du tout le folklore jusqu'il y a quelques temps. Peut-être suis-je devenu un peu nostalgique avec l'âge. Désormais, aller voir ce genre de reprographie me donne autant de plaisir que d'aller visiter un musée. Je vis pleinement ma musique traditionnelle, je sais qu'elle n'est pas morte et qu'elle n'est pas prête de l'être alors j'accepte plus facilement que des gens consacrent du temps à une conservation figée de notre patrimoine. Le folklore me permet d'apprécier la grande diversité des pas traditionnels dont nous ne connaissons plus l'usage dans nos bals parce que nous sommes devenus moins exigeants et plus festifs.

Samedi, à la fin d'un spectacle folklorique, il y a eu cette vieille dame qui s'est mise à chanter, la voix bien posée, et cela m'a fait comme dans le film "Vivre" de Kurosawa où le héros principal, en fin de vie, chante un vieux standard du patrimoine traditionnel japonais. Tous les jeunes qui faisaient la fête autour de lui, arrêtent de danser, tournent leurs regards vers lui et l'assemblée entre alors dans une communion mélancolique. A travers sa voix d'outretombe qui leur dit de profiter de leur jeunesse, que la vie est courte, toute leur insouciance s'éteint. Au moment même où ils prennent conscience de leur état de mortel, l'effroi les saisit. Cependant cette prise de conscience nécessaire précédera une renaissance individuelle des plus glorieuses.

Samedi soir, je ne sais pas bien si les autres spectateurs ont éprouvé le même sentiment que moi au moment où la dame a chanté "La France, La France, soyons si fiers de nos belles régions Laïla la..." mais il m'a semblé revoir quelques paysans vivant en communauté et heureux d'être ensemble. Ces fantômes m'ont fait ressentir de manière très criante à quel point notre société riche était devenue inhumaine. Oui, nous avons été beaux, nous avons su créer une société de la diversité régionale bien avant que nos Jacobins puis l'idéologie internationaliste éradiquent tout droit à la différence, laissant à quelques élites stériles le soin de faire perdurer deux systèmes ségrégationnistes : la sous-culture mondialiste pour le peuple, l'art marqueur social et marchandise pour des élites incestueuses. Envers et contre tous, devant notre propre effroi, cette dame d'une autre époque, samedi soir, chantait la gloire de la patrie française :

folklore
"La France, la France, soyons si fiers de nos belles régions... laïlala"

Publicité
Commentaires
Publicité