Waraï, l'humour dans l'art jamonais, attention c'est la fin de l'exposition, maison du Japon octobre-15 décembre 2012.

J'ai tant attendu pour publier cet article, que l'exposition se termine bientôt, avant que je n'ai publié quelques esquisses de celle-ci pour vous donner, peut-être, l'envie d'y aller.

(précisison, j'ai été obligé d'aller m'acheter un crayon et je n'avais pas de gomme pour faire mes dessins).

Mon Dieu, je suis sensible à l'humour japonais, mais je ne suis pas certain que tout le monde le soit. C'est un monde particulier. Mais comme le rire est le propre de l'homme ?

En voici un exemple :

Un des élèves de Bodhidarma San lui demande quelle est la nature du Bouddha.

Réponse du grand maître :

"Que voulez-vous que j'en sache ?"

(dessin de M.Natenbô 1914)

Ce sourire a presque 4000 ans, il nous a été lancé du fond des âge au travers de ce masque d'argile. Un sourire tout ce qu'il y a d'archétypal :

Vous voyez les smiley que nous nous envoyons, c'est délirant de voir leur ressemblance          :        

Et dire qu'il y en a qui pensent que l'âme humaine a évolué.

Le moine Enkû fait le voeu au 17ème siècle de sculpter 120 000 statuettes. Il cherche à capter le fameux sourire de Bouddha, peut-être non loin du rire Hotei. Voici l'exemple d'une de ces statuettes. Bon d'accord, son sourire n'est pas exactement celui-là, mais on n'avait pas le droit de photographier dans l'exposition.

Après dans l'exposition, il y avait tout un bestiaire marrant dans la forme : des crabes funambules (Kawanaba Kyôsai), des singes maigres et malins (Sori Sösen), ou un qui tape dans le reflet d'eau qui le laisse transparaître (stupidité de celui qui se méprend sur le vrai et le faux), mais voici celui qui a retenu plastiquement mon attention :

Un gros buffle à l'oeil coquin et imposant (Nagasawa Rosetsu San) ou plutôt imposant et un peu lubrique. "Quand le lion rugit, le vent se lève dit un proverbe japonais", et quand le buffle vous regarde ?

Ce bestiaire a souvent une double signification, et a été parfois utilisé comme chez nous avec Jean De La Fontaine, pour contourner la censure ou pour rester dans le cadre des convenances sociales.

Et puis ce détail de cheval devenu fou (de joie) sur une jarre couleur jade :

Motif de ZhangGuo l'Ancien San (19ème 20 ème siècle), vase de Tsukada Shûkyô

Enfin pour terminer le bestiaire, il y avait aussi ce magnifique chat qui épiait la souris (Shibata Zeshin). Le 19ème siècle fut pour le Japon, une belle époque artistique.

La mythologie japonaise n'est pas non plus dénuée d'humour puisque le dieu de la prospérité commerciale est aussi celui du mariage (Daïkoku).

Quant à ce proverbe, vous le méditerez matin, midi et soir et vous me direz ce que vous en pensez :

"ce qui finit par sortir quand on pète, n'est pas toujours mou."

Si vous vous dépêchez, vous pourrez voir aussi les 7 dieux du bonheur de Kanô Kazunobu, qui vous inspirerons peut-être dans votre vie de tous les jours.

Une dernière chose sur l'exposition, j'ai lu cette énigme zen que je ne comprends pas : "est-il possible d'attraper à l'aide d'une calebasse, un gros poisson chat gluant ?" Voilà, si vous en comprenez le sens, merci de me faire rentrer dans cette énigme philosophique.

Pour garder le sourire après la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima :

En marge de l'exposition, comme pour garder le sourire, malgré les épreuves, des portraits photographiques de personnes ayant survécu à l'explosion de la centrale nucléaire de Fukushima et ayant été maquillées, ont été exposées en grand dans le hall de la maison du Japon. Là encore, impossible de prendre des photos sans se cacher pour des questions de sécurité, futiles (franchement si j'avais voulu prendre des photos malgré les organisateurs, je ne serais pas venu avec mon appareil pourri).

Japonais ou Japonaise qui passez par là, il faut vous le dire, nous avons été très impressionés en France par la dignité et le sang froid que les gens près de Fukushima ont montré.

J'ai dessiné cette femme dans le temps qui m'était imparti, et parce que je ne savais pas ce qu'allait donner ma photo prise à la va-vite (sans gomme, faire un portrait après plusieurs heures de visite dans un musée, c'est pas si facile. La jeune fille voudra m'excuser)

Pourquoi celle-là m'a particulièrement touché en plus de son air dégagé ?

Voici la magnifique histoire de son portrait et d'un peu de la jeune fille :

"Elle est arrivée au studio, cachée derrière sa tante, un sourire discret aux lèvres.

Au fur et à mesure qu'avançait la prise de vue,

elle prenait de l'assurance.

Pour finir, j'ai pris une photo de famille.

L'air timide, entre sa mère et sa tante, Komatsu-san ressemblait à une petite fille.

"En fait, si je suis devenue infirmière, c'est grâce à l'influence de ma tante." dit-elle.

"Je continuerai sans doute à suivre son exemple."

ajouta-t-elle, le regard dirigé vers la lumière."

La transmission dans tout ce qu'elle a de beau.

Et pour finir, une créatrice de mode et ses chouchoux à la crème vêtement (toujours pris à la sauvette) :