Orthez, une ville mesurée.
Les gens d'Orthez aiment leur pays et leur ville. Ils ont raison. Quand ils se rendent dans d'autres villes françaises, quelle doit être leur surprise de voir leurs tentatives ratées de faire plus qu'elles ne sont, copiant les grandes sans jamais y arriver. Ici, on aime ce qu'on est, sans plus ni moins, à une juste mesure, avec un bon chauvinisme qui alimente l'égo de manière saine, et qui ne semble pas vouloir exclure l'autre.
Marquée par le protestantisme, la ville en a adopté sa sobriété.
Les femmes y sont fortes et communicantes, polies et serviables. Les hommes semblent un peu plus bourrus et solitaires. Les gens ne disent pas bonjour quand on les regarde.
La ville est plutôt bien entretenue.
Les "toits béarnais", issus d'une longue adaptation de l'architecture à un climat particulier, j'imagine bien la neige en hiver et le désir d'alimenter en lumière ces grandes sous-toitures habitables :
Une belle porte d'inspiration classique, médiévale et ferronnerie fin 19ème. Plutôt réussi malgré l'ambition du projet et les couleurs disharmonieuses :
Une des belles portes de la ville, véritablement ancienne celle-là :
Malgré l'austérité du temple protestant, la serrure en forme coeur et ce qui l'entoure, possèdent un côté expressif et dynamique.
De petites arrières cours mignonnes accessibles après des passages sous des maisons. Discrètes et harmonieuses.
Rue ancienne, ambiance ensoleillée et aérée :
Depuis 2009 seulement, un panneau indique qu'il est interdit de se baigner dans le gave : signe d'un temps barbare, ici récent, où chacun cherche à se déresponsabiliser sur la vie et sur la mairie, sur les autres en général.
Le significatif monument aux morts de 39-45 :
Des fleurs bleu blanc rouge autour du monument aux morts :
Tour du château Moncade, témoigne de l'intelligence architecturale et guerrière d'une époque reculée :
Les tags rappellent une époque où les révoltes adolescentes étaient encore amusantes :
Une petite Eglise à côté du centre avec de belle statue peintes et bien entretenues (ici, le Saint, semblant fixer le vide, sans regarder ce qu'il donne, ni combien, à un enfant qui a tout yeux pour la nourriture) (peut-être Saint Philippe de Néri)
Dans l'Eglise du centre ville, un joli assemblage de tissus en forme de croix. Ces patchworks sont une des plus belles réussites d'art sacré de notre époque contemporaine :
Le chemin de croix avec le dédain de Pilatte pour la foule et l'acharnement du soldat contre Jésus :
Sainte Marie garde encore la ville malgré le rempart qui s'est effondré :
Il semble qu'elle saignât. Une mère saigne beaucoup avant d'accepter de voir son enfant souffrir, et en fin de compte, vivre, grandir. "Les bateaux sont en sécurité dans le port, mais ils ne sont pas faits pour y rester."
Quelques autres petits bijoux d'architecture minimaliste et curiosités à découvrir sur place. Quelques personnalités locales qui ont marqué l'histoire.
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Quand mon cœur sera mort d’aimer : ô jeune fille
qui suivras ce jeune homme, essoufflée et charmante,
pense à mon âme qui, en proie aux noires luttes,
cherchait sur ce coteau raclé par les grands vents
une âme d’eau d’azur qui ne la blessât plus.
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Orthez, une petite ville où il faut savoir se laisser aller à perdre un peu de temps.