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Au fil de mes abandons et de mes (nobles) révoltes
1 novembre 2019

Seul au milieu des ruines

Je comprends les personnes qui visitent les ruines industrielles comme celles de Détroit, de Tchernobyl ou des anciens pays soviétiques. La ruine exprime la vanité de toute prétention humaine, celle de l'existence. A l'inverse, elle peut aussi flatter notre sentiment d'avoir survécu aux intempéries. Ou les deux à la fois : notre vanité d'avoir survécu n'en est que renforcée par le sentiment d'une destinée humaine fragile.

 

Un auteur, je ne sais plus lequel, Chateaubriand peut-être, disait qu'il y avait deux types de ruines : les ruines causées par l'intervention humaine (bombardement démolition), et qu'il jugeait hideuses. Les ruines dues à la nature qu'il estimait esthétiques. Comme si l'action du temps tempérait nos souffrances, forcément, voire les transcendaient. 

 

Il y a 30 ans, une grande partie des jardins du rempart d'Angoulême avaient été laissés en friche. J'aimais m'y promener à la recherche de quelque trace du passé. J'y avais trouvé d'obscures inscriptions en latin, une drôle de grotte qui, je l'appris beaucoup plus tard, avait été fréquentée par l'ermite de Saint Cybard, des constructions abandonnées par un duc malheureux en amour et qui n'avait laissé derrière lui que des pierres et des balustrades envahies par la végétation. J'allais aussi dans cette ancienne usine le long de la Charente. Les skateurs avaient fini par s'y retrouver.

 

Depuis, toutes ces ruines ont été réaménagées ou détruites pour mon plus grand déplaisir. Des passerelles permettent d'accéder à mes anciens coins de baignade et les étudiants ont investi les lieux. De toutes les manières, il ne faut pas 50, 100 années pour que les hommes ne finissent par revenir, car ils n'abandonnent jamais. Qu'importe. La prospérité finit toujours par nous échapper et voici que de nouvelles ruines apparaissent. 

 

clinique desaffectee2min

 

 

 

clinique desaffecteemin

 

 

Voici une ruine bien particulière puisqu'elle est le résultat de l'immense propension de l'homme à gaspiller les moyens qui sont en sa possession. Ici une ancienne clinique qui a une durée de vie de quelques années avant d'être déplacée à quelques hectomètres de là dans un lieu semble-t-il plus propice à son développement.

 

abandonne hors du tempsmin

 

Au milieu des villes de campagne, les anciennes échopes qui ne font plus recette foisonnent. Dans la grande ville, ce genre de local est laissé à l'abandon aussi, mais ça ne dure pas jamais très longtemps.

 

Les grands magasins qui vont bientôt disparaître ne laisseront pas de ruines eux, puisqu'ils sont rasés quand ils ne sont plus salubres. Notre époque laissera peu de ruines finalement. Nos constructions sont conçues en carton pâte, et leur niveau de laideur, rarement atteint dans l'histoire humaine, laissera heureusement place au vide. 

 

marmite perdue vibrac charentemin

 

 

Il y a aussi des ruines sous marines. Ici, ce pot a été retrouvé dans un bras de fleuve, l'expression sous-marine étant donc inappropriée, mais je n'en trouve pas de meilleures, à moins d'inventer un néologisme comme ruines sous-aqua peut-être. 

Enfin, j'en termine par de ces ruines d'hommes qui ne font pas plaisir à voir en aucun cas. Dans une forêt près de chez moi, j'ai trouvé ces pots de plastiques de graisse jetés par quelque agriculteur peu sourcilleux de son environnement, de ceux-là qui portent tellement tort à la profession, heureusement des exceptions. Le plastique a cette caractéristique de vieillir très mal. Il se décompose étrangement et disparaît par fragments qui gardent leur aspect, morceaux semblant ne pas connaître les avanies du temps bien que s'émiettant, ce qui effraie d'instinct l'esprit du sage.

 

dechet naturemin

 

 

 

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