Voyage vers nulle part

Tout d'abord, et en guise d'introduction pédagogique quant à l'esprit dilettant qui a été le mien et que je voudrais vous transmettre à travers un article long et des phrases qui ne le sont pas moins, et au risque de décevoir le très petit nombre de mes lecteurs, je dois briser chez vous cette espérance que j'ai introduite en titre. Le voyage vers nulle part n'existe pas car il ne peut pas exister.

Si vous sortez de chez vous comme moi, animé de ce désir, il vous faudra vous décider à choisir, le jour la date et le lieu, puis il vous faudra vous décider d'aller à droite à gauche, devant ou derrière. Si vous montez dans une voiture, vous devrez ordonner au conducteur de vous laisser là où il en a envie, voire avant. Vous quittez la voiture, il vous faudra, à nouveau, choisir une direction. Sans parler du but : si vous ne vous donnez pas de but, vous risquez de revenir en arrière et tourner en rond, ne jamais sortir du coin de campagne que vous aviez décidé de quitter, croisant les mêmes gens qui vous regarderont interloqués ou que vous connaissez déjà. Si vous vous donnez pour but de parler avec des gens, il vous faudra choisir la rencontre par la marche ou par l'auto-stop. Et dans tous les cas, vous devrez trouver des points de ravitaillement qui vous obligeront à vous donner un objectif même si vous n'en voulez toujours pas.

Pour toutes ces raisons, il m'a été donné de vivre une véritable expérience de liberté. J'ai essayé le non-choix mais celui-ci s'est révélé tout de suite impraticable. La vie oblige l'humain à faire des choix, presqu'à chaque instant, choix qui ne sont prédéfinis en rien à l'avance sinon à converger vers l'absurde quand on les refuse. Que la philosophie est bête quand elle prône exclusivement le déterminisme ou la liberté absolue. Pragmatiquement, nous avons tout pouvoir pour choisir tandis que tous les choix que nous pouvons faire ne sont pas tous souhaitables. La question de la liberté de l'homme, peu incarnée chez nos penseurs modernes, a donné lieu à tout un tas de réflexions utopiques qui ne pouvaient déboucher que sur des impasses. De JP Sartre à Karl Marx, le constat est effrayant. Des bourgeois déconnectés de la vie ont essayé de penser la liberté tandis que le moindre paysan aurait pu leur en remontrer. Il ne restera rien de tels penseurs, si ce n'est un contre exemple. Et à l'avenir, la philosophie ne devra jamais se départir d'une forme de pragmatisme qui modèrera toujours ses prétentions jusqu'à les rendre applicable à l'humanité. Car certaines masturbations intellectuelles peuvent être meurtrières et tuer des gens par millions. Au contraire, le pragmatisme en attente d'Esprit Saint sera toujours une garantie de sécurité, et pour les êtres, et pour la société.

La direction.

A l'inverse du non-choix, en se donnant le moindre prétexte, le voyage prend tout de suite un sens. Au début je me suis laissé guider. Puis en écoutant les gens que je rencontrais, j'ai compris qu'ils ne voulaient pas me voir quitter mon pays natal. Ils m'ont alors ramené vers ce que je connaissais si mal : eux-mêmes. Et je les ai suivis. Plus en jambe, j'ai voulu aller à leur rencontre à pieds mêlant périple sportif et spirituel. En récompense, ils m'ont payé cher de mon attention. Le voyage vers nulle part est alors devenu voyage vers chez moi fait d'un mix d'auto-stop, de pauses alimentaires, de rencontres, mais surtout de randonnées au milieu d'une contrée que je ne connaissais pas du tout, une contrée que je traversais pourtant mais sans jamais prendre le temps de m'y arrêter. Modernité oblige. La mienne. Et tandis que dans mon imaginaire, je rêvais de quelque étendues libres d'hommes aux alentours de l'Algérie ou dans des steppes en Mongolie, j'ai rencontré le désert près de chez moi. Je crois que nous vivons au milieu de nos espérances, parfois sans le savoir.

Sans que j'en eusse conscience, mon propre pays est devenu ce désert. Il possède ses propres bédoins, ses paysages qui se répètent parfois, on le dirait, à l'infini, mais surtout une forme de vide effrayant qui laisse toute place à la personne. Le surplus d'Anglais dégoûté de notre monde moderne, ne vient pas chez nous par hasard. Ceux-là forment une de ces peuplades qui traversent notre territoire et qui l'occupent en conquérants pacifiques, comme bien d'autres l'ont fait avant eux de manière plus martiale. C'est ce pays redevenu sauvage ou qui l'a toujours été, que je vais vous raconter, mais surtout cette communion que j'ai vécue avec ces gens qui sont restés comme par hasard sur ce territoire dévasté, ou bien qui l'ont choisi justement parce qu'il n'était plus rien.

Animé par une intuition de lâcher prise, un désir de prière et parfois même du volontarisme, ce voyage a changé quelque chose en moi. J'ai compris que l'état d'esprit dans lequel nous voyagions sur terre était bien plus important que le voyage lui-même, et qu'il fallait attendre, attendre, laisser-faire et avoir confiance en la vie pour qu'elle se remplisse de bonnes choses. D'où la longueur étrange de mon article : j'avais si peu idée d'avoir quelque chose à raconter au début que je suis parti sans crayon pour dessiner, avec quelques feuilles horribles. Et puis malgré l'économie de moyen, j'ai eu besoin, rapidement, de noircir la page blanche de nombreux croquis faits à la va-vite qu'il me faudrait absolument retoucher à l'ordinateur pour les rendre lisibles, accompagnés de commentaires que je jugeais limités mais qui finirent pourtant par faire masse. Enfin la batterie de mon appareil photo devint largement insuffisante pour me contenter entièrement mais juste assez pour prendre ma dernière photo au moment d'arriver.  Voici d'ailleurs ce dernier cliché pris aux alentours de Mouniac alors qu'au milieu des bois je tombai sur un point de vue magnifique, une vue de l'est d'Angoulême qui m'était inconnue :

Perdu après une séance d'auto-stop hasardeuse, j'ai fait lors de cette dernière étape la plus longue randonnée de tout mon voyage. Ce jour-là j'ai également parcouru la plus grande distance en auto-stop de mon périple, ceci afin de rentrer avant la nuit. Bien puni de mon volontarisme, j'ai accompli mon désir, mais en en payant le prix. Presser le temps a souvent un coût disproportionné, et il faut savoir accepter de n'être que soi.

Le parcours complet (Aubeterre est devenu progressivement mon but parce que je ne l'avais jamais visitée et que tout le monde m'a dit que c'était beau) :

Mais revenons à l'essentiel, aux êtres humains que j'ai rencontrés et en particulier à un des premiers de ceux-là, M "Dur A Cuire", qui me prend en stop jusqu'à Beauvais sur Matha. 47 ans, les yeux injectés de sang par un travail de paysan qui l'occupe 90 heures pas semaine, il a décidé de prendre exceptionnellement une journée de repos. Il a du temps pour aider quelqu'un puisqu'il va voir son beau-père.  Dans la voiture, il me teste pour savoir si je vaux quelque chose, si je suis un vrai travailleur. 

Il a du respect de me voir partir à pieds mais cela ne lui suffit pas. Et c'est vrai, je travaille moins que lui. Il hésite. Sa femme est prête à faire une dizaine de kilomètres de plus pour me mener à une  ville de taille moyenne et rejoindre le chemin de compostelle. J'essaie de leur faire comprendre que cela ne m'intéresse pas. Ils voyagent en imagination avec moi et cela leur plait mais ils ne comprennent pas bien ma démarche.

A la sortie de Beauvais sur Matha, un propriétaire volé, vexé du comportement de certains de ses voisins, met à disposition des plans de tomates et de fraisiers pour ceux qu'ils accusent publiquement d'être des "voleurs". A défaut de pouvoir les poursuivre en justice ou avec un fusil, il leur donne le nom qui leur convient (texte "VOLEURS 1- Plants de tomates 2-plants de fraisiers") :

Dans la campagne, il y a encore des cabines de téléphone publiques ! ici Bazauges :

A Fontaine Chalendray comme dans de nombreuses autres petits village de notre arrière pays, il n'y a plus d'école, plus d'épicerie, plus d'enfants, les vieux meurent et les maisons ne trouvent plus preneur. Madame "Maintient La Vie" est venue de Paris pour tenir la dernière épicerie du village durant 15 ans. A noter qu'en plus des Anglais que j'ai croisés, j'ai rencontré de nombreux Parisiens très ouverts à la discussion. Désormais Madame Maintient La Vie est à la retraite. Elle cultive son goût pour la calligraphie et pour la discussion tandis que son mari se préoccupe surtout d'antiquités au risque de se désintéresser des humains qui l'entourent. Elle me donne son surplus de pommes de terre "pour mon déjeuner". J'aurais voulu retrouver le poème de Victor Hugo sur le bois qu'elle a calligraphié mais je n'ai pas réussi.

Dans deux Eglises (ici celle de Fontaine Chalendray), j'ai

 retrouvé cet "Oeil de la Providence" qui ressemble à s'y méprendre à un symbole maçonnique. Wikipédia dit que c'est un hasard mais je ne le crois pas du tout :

 M Avenant vient aussi de Paris, de la banlieue parisienne plus exactement. Il me conduit à Chives et voici ce qu'il me dit alors que je le crois heureux de monter à la grande ville pour revoir sa mère de temps en temps :

Ce qu'il a vécu, j'en ai bien idée : les halls d'immeuble pourris, les agressions, la violence, les cris, et toute le reste de la société qui se fout comme d'une guigne de multiplier les problèmes liés à la pauvreté et à l'immigration. Cependant, la banlieue est aussi un milieu dont on se sort difficilement tant le monde civilisé moderne est insécurisant pour ceux qui ont grandit dans un ghetto. 

Ce jeune homme issu de l'immigration a pourtant réussi à faire son trou ici, au milieu de nulle part.

Sans vouloir préjuger de l'accueil qu'il a reçu de la part des gens du cru, j'imagine qu'il a vécu des choses particulièrement terribles pour que la transition se fasse avec des difficultés qu'il juge anecdotiques.

A Chives, on rigole avec l'épicière. Comme de nombreux couples de commerçants que j'aurais rencontrés durant mon voyage, ils travaillent dur, tout en essayant de proposer une multitude de services à leurs clients (ici le rayon boucherie est particulièrement bien fourni).

Dans l'Eglise de Chive, Saint Julien soignant les pauvres, ou Saint Julien soldat romain converti et martyre des empereurs païens, difficile de dire puisque la dévotion populaire confond les deux. Ici il est joliment représenté avec ses couleurs bleues et l'Esprit Saint en jaune. Une belle phrase poétique accompagne le vitrail : "Du temps où il célèbra, jaillit la source d'eau vive capable d'iriguer les coeur".

A Chives, les trois enfants de Nantes en vacance dans la cambrousse me demandent si je viens de Nantes. Pour les enfants, le monde est si grand qu'il n'est fait que de ce qu'ils connaissent et à l'extrême rigueur de ce dont ils ont entendu parlé. Ils se préoccupent moins de moi que des animaux qu'ils découvrent, ou des tracteurs derrière lesquels ils courent. Ils sont trop heureux d'être entre cousins et de vivre au milieu de la nature dans un village à taille humaine. Cela me rappelle des souvenirs.

Jolie entrée de portail. Seulement choisir le 66 et l'étoile à 5 branches pour une aussi belle réalisation, me semble d'un goût douteux...

Bon, ce ne sont pas les paysages paradisiaques que mes amis publient régulièrement sur Face Book. Mais à l'étan des Gours, il y a un petit parfum de plage exotique. La baignade a été succulente car le temps incertain m'a laissé seul maître des lieux. Le luxe, c'est aussi l'espace :

Rencontre

Madame "Bon Sens" a compris les problèmes liés à notre campagne, la gestion impersonnelle des aides à domicile pour les vieux, la volonté politique de les euthanasier, leur faiblesse et les arnaques répétées à leur encontre de la part d'individus qui ont perdu toute morale, la désertification du pays, le manque d'enracinement de nos représentants politiques et leur incompréhension des phénomènes propres à nos contrées. Contrairement à eux, elle est commerçante et elle sait combien une bonne gestion, tout autant humaine qu'économique, est importante.

Les Charentais fêtards de ma génération n'en reviendront pas en voyant cette photo. C'est le NEVADA, la boîte de nuit ambulante de notre adolescence reconvertie au milieu de nulle part :

 L'auto-stop me ramène sur mon département.

M Cynique voudrait bien se sortir de sa conception matérialiste du monde. En même temps, il a basé sa vie dessus. Je suis en dehors de son schéma de pensée et j'ai l'impression qu'il a peur de voir un être humain en moi. D'un autre côté, cela faisait 40 ans qu'il n'avait pas pris un auto-stoppeur, mais cette fois, il s'est arrêté...

Ambiance poubelles de la ville au milieu de la campagne.

Détritus de Mac Do à plus de 10km de la ville la plus proche.

Pollution visuelle aux abords d'une grande surface de petite ville.

A la sortie de la messe.

C'est dimanche, il me faut trouver une Eglise. Les gens du cru me voyant avec mon gros sac à dos, me parlent facilement :

Cette pauvre dame fait face aux aberrations de notre Eglise qui entre autre, n'a pas compris qu'une culture perdue ne se regagnait pas en quelques années d'efforts. Personnellement, il m'a fallu une décennie pour connaître seulement la moitié des chants qui se pratiquaient dans notre département. N'ayant pas bénéficié d'une tradition familiale catholique très prégnante, à l'identique de cette dame, j'ai dû réapprendre par mes propres moyens où me situer dans l'Eglise entre les différentes oeuvres caritatives, la préparation de la messe, la vie paroissiale, la réflexion spirituelle, les communautés de vie. Et ce travail n'est pas encore terminé, ni pour moi, ni pour tous ceux que je côtoie, puisque les croyants sont formés ou affectés à ces services "au petit bonheur la chance".
Quand je pense que nos Evêques voudraient nous voir évangéliser alors que nous ne le sommes même pas nous-mêmes, ils sont bien loin du compte... 

Conseillé par une bonne dame, je me dirige vers l'aire de repos d'Ambérac.

Madame Fausse Seraine a été voir une amie à la sortie de la messe pour "tailler une bavette". Mais il est l'heure de manger et la bavette en parole ne lui suffit plus. Elle m'a rattrapé sur la route et me prend en voiture. Madame Fausse Serein a un gros coeur qu'elle ne sait pas toujours protéger des autres. Elle a perdu un chien qu'elle a pleuré "comme un être humain". Avant de me laisser, elle me demande si j'ai à manger. J'aurais peut-être dû lui répondre "non".

 Aux alentours de Villognon.

Une petite graine a été plantée :

A Célette si le monument aux morts ne m'avait pas indiqué le nom de la ville, je n'aurais jamais su où j'étais.

Ici, une belle petite Eglise cachée dans ce qui semble être une maison

La malédiction du maïs et de la mono-culture en général

Je sais, il faut bien un modèle économique pour permettre à nos campagnes de survivre. Mais franchement, concentrer tout dans la main d'un seul agriculteur qui devra bientôt trouver une femme à l'étranger s'il veut éviter l'inceste, simplifier les paysages à ce point chez nous pour permettre à quelques citadins gavés de parcs où ils peuvent se promener "naturellement" avec leurs enfants de pouvoir s'empifrer de viande, tuer toute vie animale et végétale pour augmenter toujours plus des rendements qui ne seront jamais assez suffisants pour des consommateurs qui ne payent pas le vrai prix de leur nourriture, assécher les réserves d'eau en période de sécheresse jusqu'à empêcher la reproduction de la vie aquatique dans nos rivières, tout cela, c'est d'un non sens complet. Bientôt, plus personne de réellement intelligent ne voudra travailler pour un tel système. Le système sera rentable, certes, mais il ne trouvera plus d'êtres humains pour le faire fonctionner. Nous organisons notre suicide en vivant de laid. Il est plus que temps que le prix des denrées alimentaires soit augmenté de manière autoritaire. 

Graffitis à Mansle

Le garçon a voulu gentiment humilier une fille qui l'attirait (âge approximatif : 13 ans)

 

Et celui que j'aurais pu écrire à 15 ans et qui me fait aujourd'hui mourir de rire :

On dit que mère-nature est gentille. C'est complètement idiot. Ici, un canard s'est évertué à plonger la tête sous l'eau d'un autre jusqu'à ce qu'il meurre :

La ligne de chemin de fer sépare le nord et le sud du département et pour aujourd'hui, le beau et le mauvais temps.

Ambiance couchage au milieu de la nature.

Il arrive qu'on trouve un lieu presque idéal pour passer la nuit. Ici, la baignade est fournie en sus :

Voici aussi le genre de paysage qu'on peut apercevoir au petit matin :

Là où il reste des bois, la nature est encore bien présente. J'ai souvent passé mes nuits au milieu des chevreuils, et même de cerfs. Vous pouvez voir ces premiers au centre gauche de la photo si vous faites bien attention :

Mais parfois il y a de l'orage. Et cette année, la pluie nous a été servie en abondance. Glissez-vous avec moi sous la tente :

pluie

Aunac, l'autel de l'Eglise :

J'ai fui la ville qui était beaucoup trop touristique à mon goût.

Rencontre :

M "Bonté" doit rêver d'une vie plus aventureuse en secret. C'est pour cela que le courant passe entre nous. On est tombé d'accord sur le fait que beaucoup de femmes aimaient leur petit confort. Mais je crois que beaucoup d'hommes le supportent assez bien.

A Chenomet, le baptistère construit sur un chapiteau roman des plus étranges.

Mystère roman n°1 du voyage : l'homme avec une corde au cou, l'homme écartelé, la tête de mort.

La jolie petite Eglise de Poursac enchevêtrée dans les maisons, à l'ancienne.

La différence de saignée entre 39-45 et 14-18 dans nos campagnes illustrée facilement grâce au monument aux morts de Poursac :

A côté de l'Eglise, une étrange tombe est restée seule sur une propriété privée :

Eglise de Saint Georges : Marie et Joseph entourent Jésus. De nombreuses Eglises devraient s'inspirer de cette disposition :

Nanteuil en Vallée, Eglise, la couronne d'épines, les inscriptions aux sols (figurant d'anciennes tombes ?)

Mon petit paradis de ronces :

Je crois que je garderai toute ma vie à l'esprit cette rédaction de mon ami d'enfance qui s'était terminée par "Bonne année 1989". Notre prof de Français nous l'avait lue à haute voix en 4ème pour mettre durement celui qui était aussi mon camarade de classe, devant les élypses et les tentatives maladroites de son texte emprunt d'une candeur bien de notre âge. Je crois que si j'ai tant ri ce jour là, c'est aussi parce que je me suis retrouvé dans ses manques et ses erreurs. Nous ne sommes pas amis pour rien. Depuis, je me suis toujours demandé à quoi pouvait ressembler ce "petit paradis de ronces". Obscur malgré la lumière, caché mais s'ouvrant subrepticement aux regards aventureux, dangereux mais évidé; aujourd'hui, j'ai traversé la région d'enfance de mon ami, région qu'il a quitté depuis for longtemps, et je suis tombé sur l'un de ces paysages. La région fourmille de ronciers, de cours d'eau et d'arbres enchevêtrés propices à créer de tels environnements. Ce soir, je vais d'ailleurs dormir au milieu de ce qui doit ressembler à mon petit paradis de ronce, non celui de mon ami, mais celui qui vit dans ma tête et qu'il a su créer par la force de sa conviction et de son sentiment d'enfant nostalgique. Rien de bon ne se perd quand on éprouve un noble trait et qu'on a le désir de le transmettre de manière sincère. Ainsi une volonté de s'exprimer de manière sentimentale, aussi naïve soit-elle, dépassera toujours l'oeuvre qui n'aura eu qu'une ambition technique. 

Au milieu des ronces et des grillons, si vous faîtes attention, vous pourrez entendre une banda qui s'entraîne la nuit venue :

banda_court

 Ca va, ils ont arrêté vers 11h.

Vieux Ruffec :

Nicole s'est alors lancée comme artiste peintre.

C'est perdre un temps précieux que de retarder une vocation. Une vocation encouragée tôt fabrique des génies dans leur domaine. Une vocation que l'on retient tue l'âme au fur et à mesure qu'on la retarde, plus sûrement encore qu'elle n'entrave le don.

Voici les coordonnées de Nicole :

Un peu plus loin, la maison de la fée Charlotte aux fraises, avec la fée anglaise inclue :

Champagne Mouton :

mystère roman n°2 : éléphant, monstre qui utilise trop sa langue, aveugle et muet...

Parzac 

Baptistère peace and love. Signes chrétiens anciens, probablement crucifixion de Pierre.

Vers Tierse :

Ils ne prennent jamais de vacances, travaillent 14h par jour, mais prennent le temps de discuter plus d'une heure avec moi, à la mode des anciens, tant et si bien que je dois interrompre la conversation pour continuer. Le magasin c'est cher parce que ce n'est pas produit sur place. La grand-mère a bien vu que j'étais quelque chose comme un artiste. Et si elle était d'abord chiffonée que je dérange son mari dans son travail, elle n'est pas mécontente de pouvoir parler à son tour. Elle connaît les tablettes numériques certainement grâce à ses petits enfants. Elle veut montrer qu'elle est connectée au monde et qu'elle le rejette en toute bonne connaissance de cause. En même temps, sa question lui permet de demander des infos sur cet objet dont elle n'a pas encore totalement identifié l'usage (et pour cause), ni la prononciation. Et puis, ça l'étonne vraiment que je voyage seul : "Y-a des femmes qui aimeraient vous suivre" me dit-elle, "Ca existe !" J'émets des doutes étant donné les conditions "rustiques" qui sont les miennes, mais j'admets tout de même en avoir rencontrées. Par contre, il est certain que notre paysane n'est pas du tout de ce bois là. Je crois qu'elle veut surtout me faire remarquer que le célibat n'est pas normal pour un beau jeune homme comme moi. Je lui donne entièrement raison.

 Les enfants en campagne.

Quand il y a encore des enfants dans nos campagnes reculées, voilà les horaires de ramassage scolaire qu'ils doivent subir. Départ 6h35. Retour 19h20. Pour rappel, un enfant doit dormir au moins 9h, manger et faire ses devoirs pour avoir une chance de réussir ses études. Calculez. Notre société dit s'occuper des enfants. En toute vérité, à force de concessions quant à la famille, elle en est arrivée à organiser la matraitance. Le travail salarié à plein temps des mères de familles a été l'occasion pour nous tous d'une régression monumentale.

Eglise et cimetière de Cellefroin :

mystère roman n°3 : animal avec la tête retournée (comme dans l'exorciste). 

Jolis petits moutons au pays du mouton.

Et la fameuse lanterne des morts de Cellefroin qui guide les âmes (vers où?)

Eglise de Saint Claud :

Bénédiction dans le mur :

Mystère roman n°4 : une femme en prière est dérangée par son mari avide d'user de son corps :

Et visage qui ressort du mur (sorte d'oeuvre religieuse humaniste ?) :

 La politesse bon sang.

J'ai été obligé d'interpeller le vieux avec le langage occitan (je ne suis plus dans le pays d'oïl) que mon grand-père utilisait pour attirer l'attention des vaches. Juste avant, il avait fait mine de ne pas m'entendre le coquin. Toute ma journée aux alentours de Roumazières, je me suis escrimé à la politesse sans résultat (à quelques exceptions notables). C'est désespérant de devoir en arriver là pour permettre le contact entre humains; mais quand il le faut :

A noter que cette personne, une fois légèrement secouée, m'a répondu de la manière la plus gentille qui soit.

Montemboeuf 

Il y a des coins où ça accroche avec les gens et d'autres moins. Avec Montemboeuf, ça accroche toujours, je ne sais pas pourquoi. Je tombe en plus sur la fête du village. J'y reste plus d'un jour et demi. Invité à manger après une longue discussion avec des particuliers, je ne reste pas seul ce dimanche. L'enfant prodigue de la famille me raconte son voyage en Mongolie. Dans deux semaines, il part en Iran. Il va devenir docteur en astro-physique. Son père, génial touche à tout un peu férailleur et à la parole facile, aurait certainement fait un bon artisan d'art. Il possède une collection extraordinaire d'appareils mécaniques en tout genre. Chez lui, c'est un peu la caverne d'Ali baba, un endroit de monstres en aciers prompts à faire rêver n'importe quel petit garçon. Entre tous les échanges que j'ai eu avec cette famille, il y en a un que je voudrais mettre en avant :

Voilà une des réalités des services sociaux en France : l'abus de pouvoir. Quand les services de l'Etat veulent retirer des enfants à une famille, il arrive plus souvent qu'ils s'attaquent à des familles "normales" qu'à des familles de fous furieux. Pourquoi ? Parce que les familles de fous furieux pourraient sortir le fusil contre une des assistantes sociales, tandis que les familles normales, elles, respecteront toujours les règles du jeu. Seule la gendarmerie devrait avoir le droit de retirer des enfants à une famille, après avoir constaté des faits délictueux envers un enfant. En aucun cas les services sociaux ne devraient avoir de telles prérogatives. La plupart des familles victimes à tort des services sociaux, n'osent rien dire de leur histoire, de peur d'être montrées du doigt par le voisinage. Elles sentent bien qu'on préjugera de leur parole. L'Etat joue de ce silence forcé pour étendre son pouvoir. Ce n'est pas normal.

RDC

Dimanche c'est aussi la messe en plein air doublé de la présence de RDC qui retransmet la fête sur les ondes radios. Radio Diffusion Charentaise a toute une histoire faite de bénévolat, d'accordéon, d'insertion locale, de passion. Dans les débuts, les auditeurs fidélisés par Marcel l'écoutaient dans la nuit jusqu'à plus de deux heures du matin. Ils appelaient Marcel en direct pour partager rire et faire vivre leur culture commune de campagne finissante. Avec les années, la nostalgie s'est construite sur la nostalgie. Pour ces fans, RDC est bien plus qu'une institution ou un lien social. Aujourd'hui, ils ont fait de nombreux kilomètres pour rencontrer certains des animateurs qu'ils ne connaissent pas encore. 

L'Eglise de Montemboeuf :

Toujours le calme de ce genre d'ange qui plante directement sa lance dans la gueule du dragon. Que j'aimerais bien avoir une telle sérénité

La célébration sous chapiteau :

Le prêtre ne s'est pas aperçu que les textes du jour (Mat 14 22-33) étaient en concordance avec la météo et qu'il fallait peut-être y voir comme un signe du temps présent de la part de Dieu. Que le temps soit beau ou laid, c'est toujours une grâce de Dieu que de le supporter dans la solidarité.

Je trouve que notre Eglise manque aujourd'hui d'incarnation. Il est inutile d'appeler à vivre la paix l'amour etc... quand on oublie notre propre faillibilité et quand on en est arrivé à avoir peur de l'exposer en public. L'espérance ne peut prendre sa source, non dans un amour béa qui comblerait tout le monde de manière magique, mais dans une souffrance personnelle qui parle au monde. Je trouve que beaucoup de prêtres ne parlent pas assez de leur souffrance personnelle en rapport aux textes. Seule une souffrance incarnée aussi petite soit-elle et son dépassement grâce aux textes peut parler à des gens de manière personnelle et faire communauté.

Météo très pluvieuse pour ce mois d'août :

Voici deux photos prises à quelques minutes d'intervalles :

Et cela a été comme ça tout le temps ou presque. D'un certain point de vue, j'ai voyagé sans avoir à subir de grosses chaleurs. De l'autre c'était vraiment beau. 

 Champignons sur goudron avant Rouzède :

Il parait que le goudron est un très bon "support" pour la pousse des champignons... Remarquez, il n'y a rien de plus naturel.

Eglise de Rouzède :

Cette peinture me fait beaucoup rire. En effet, la veille j'ai perdu mon chapeau et là je tombe sur Saint Roch dont le petit chien lui rapportait de la nourriture, mais aussi... son chapeau, avant que l'Esprit Saint ne le guérisse de la lèpre. Peut-être va-t-il y avoir un miracle pour moi. Car même si l'été n'est pas particulièrement ensoleillé, c'est difficile de voyager sans ce genre de protection en cette saison. Et puis, si je pouvais être guéri de tous mes mauvais penchants, ce serait bien aussi.

 Représentations féminines.

Vraiment étrange d'avoir habillé Joseph à l'identique de Marie avec une robe bleue. Le tissu et la coupe sont vraiment beaux à l'intention d'une femme... riche. Mais pour un homme pauvre c'est vraiment totalement déplacé. Bizarre que ni la couturière, ni les gens du village ne s'en soit pas aperçue...

Bon sens au potager

Comme nous possédons une part animale qu'il faut réussir à dompter, nous devons bien posséder aussi un côté plante qu'il faut savoir nourrir et abreuver. Cette dame sent le mal être des humains dû au manque de soleil. C'est une forme de sensibilité particulière.

Dans la campagne après Vilhonneur, les fruits et les légumes ne sont pas plus beaux qu'ailleurs cette année; une vraie catastrophe. Mais si la saison est pourrie, le bon sens est toujours là.

Cependant il n'est pas toujours dans la forêt...

Si je pouvais revoir cette dame, j'aimerais lui dire que :

- Les lévriers dont la tête m'arrivait au buste, m'ont entouré comme à la curée.

- Je suis chasseur.

- Le lévriers sont interdits à la chasse.

- Les chasseurs que je connais se font obéir au doigt et à l'oeil par leur animal.

- Il est heureux que je sois resté calme.

Il y a des personnes qui sont de véritables dangers pour les autres, non parce qu'elles font des erreurs, mais parce qu'elles sont incapables de les reconnaître.

Instants philosophiques : l'érosion du temps.

Aujourd'hui, nous en sommes arrivés à construire des vérandas pour toute tombe funéraire. Un vrai bouillon de culture pour nos égos démesurés. Les cimetières abandonnés de nos campagnes, nous ramènent for heureusement à la réalité. Nous sommes limités et c'est mieux ainsi.

Croix retenue par le mur. Une photo joliment christique. 

Restes de tombes brisées. Ô vanités mises à terre. 

Tombe oubliée des hommes mais accueillie par le lierre. 

Ma préférée, Lierre recouvrant les noms et cachant l'édifice. 

Pranzac

Avez-vous retenu la leçon ? J'ai déjà pris la photo de ce genre d'édifice. Cette fois, c'est de l'intérieur. Réponse après la photo.

Réponse : Lanterne des morts. Ici, les croyants pouvaient accéder à la tête de l'édifice en montant par l'intérieur et en mettant les pieds dans les trous que vous pouvez voir.

Non-catholique

La dame n'accepte pas la souffrance inhérente au contact avec les autres. Ils sont nombreux à vivre de leur individualisme aujourd'hui. Enfermés dans leur richesse, les autres doivent leur servir de faire valoir, jamais ils ne doivent coûter. Et comme ça, c'est pas possible, ce genre de personne finit par devoir vivre seul, se contentant de quelques relations d'apparat, un mariage, un baptême mais surtout des enterrements quand elles vieillissent. 

HIHIHI

A Vouzan, l'ange sans sexe s'amuse du zizi fontaine et il rigole, il rigole... 

(artiste E Peyronnet, don de Pierre A Sauzet à la commune de Vouzan)

Moment de poésie :

En bordure d'une aire de repos aménagée près de la Charente, une table ancienne a été laissée sous les arbres. Elle n'est là que pour souligner l'esthétique du lieu. Bravo l'artiste : 

Rougnac et la belle restauration de son Eglise (coup de coeur).

Une des plus grandes crypte de France. Bon on voit rien, mais c'est un peu le principe de la crypte non ?

Gardes

A Villebois La Valette, il y a une exposition d'un artiste jeune dans la profession d'artiste, et plus vieux dans celle d'architecte qui a remarqué l'esthétique de ces piliers et qui l'a reproduite. Il s'appelle Philippe Chambon et ses traits d'encre noire en même temps que ses choix, sont très sensibles. L'image originale :

Moment pétage de plomb.

Architecture de Cimetières

Ce petit hameau près de Villebois La Valette s'appelle Saint Cybard. Voici les plus vieilles tombes que j'ai vu durant mon voyage, de personnes mortes au début du 19ème siècle et nées parfois à la fin du 18ème. Remarquez le style particulier. Il faut savoir que chaque époque est reconnaissable de manière immanquable à ses tombes. Ici, ces croyants avaient à coeur de s'élever au-dessus de la terre. Je crois que ce genre d'architecture en dit plus long sur la mentalité d'une période historique que bien des dissertations. Un jour, je publierai un livre sur les cimetières. 

Imaginez que vous êtes un manant et que vous devez aller à Villebois La Valette pour quelque affaire avec le Seigneur du château. Plus vous approchez, moins vous en menez large...

Près de Gurat.

On devrait toujours prendre exemple et conseil sur ceux qui réussissent.

Grand papi a pris le temps de me donner de l'eau. A 92 ans, il est encore actif sur la propriété familiale, et capable d'une conversation intelligible comme j'en ai eu peu au cours du voyage même si on n'arrive pas à cet âge canonique dans d'aussi bonnes conditions sans un excès de caractère.

Disparition des bois

Autour de Montmoreau, le remembrement est encore à l'oeuvre. Dans l'est de la Charente, les bois disparaissent pour laisser place au maïs qui peut désormais être cultivé dans n'importe quelles conditions et dans n'importe quel endroit pour peu qu'on lui apporte de l'eau en grandes quantités. Les traces que laissent parfois les engins de déforestation sont monumentales. Exemple ici :

La photo a été prise à 3-4 kms à l'est de Villebois la Valette, là où de grands propriétaires se sont permis de supprimer tous les chemins qui passaient entre leurs terres, ce qui fait qu'à un endroit j'ai dû revenir en arrière sur plusieurs kilomètres pour éviter de m'éloigner de la direction que je m'étais donnée. Il y a 120 ans, Gaston parlait déjà de ce phénomène qu'il avait vu croître dans les champs de la Beauce :

Marc Robine "Les mangeux d'terre" de Gaston Couté

Autre précision sur notre capacité de nuisance environnemental. Il y a 80 ans, mon grand-père et mon arrière grand-père coupaient 90 stères de bois durant tout l'hiver, à la scie à main et à la hache. Ils travaillaient tellement que leur croissance durant l'adolescence avait été stoppée par les efforts produits et que, comme leurs voisins paysans, ils étaient beaucoup plus petits que la moyenne des hommes d'aujourd'hui. Mais voilà ce que j'ai appris en chemin quant aux machines de déforestation modernes :

De nouvelles machines de déforestation viennent d'être mise sur le marché, avec des chenilles qui n'abîment par la terre à l'inverse de ce que j'ai montré sur la photo précédente. On doit leur changer les guides et la lame toutes les 5 minutes, et il faudrait un an d'apprentissage pour les manier. En 5 jours, elles seraient capables de faire le travail que mes aïeux exécutaient en 50 mois, à deux... soit 600 fois plus efficaces. C'est une bonne nouvelle pour notre productivité, c'est vrai, mais ça donne le vertige. En somme, nous pourrions déforester notre pays en quelques mois d'un travail acharné. Il va donc falloir que nous apprenions, ici comme ailleurs, à réfléchir nos décisions avec plus de sagesse. Car la moindre erreur démultipliera les conséquences économiques dont nous pourrions faire les frais. Le monde a changé, il est temps que nous le prenions en compte.

Montmoreau.

C'est étonnant la mauvaise opinion que les gens de Montmoreau ont de leur ville. Les gens y sont même un peu plus gentils qu'ailleurs. Il pourrait y faire bon vivre sans ce dénigrement castrateur.

Propriétaires de camping-car, la suite...

Le gars n'a pas pu faire 20m pour aller pisser dans les toilettes publiques. Il a préféré se soulager le long de son propre camping-car, devant moi. Je crois que je verrai tout avec les propriétaires de camping-car. Je me demande si c'est le camping-car qui rend con ou bien s'il faut l'être avant....

Bors de Montmoreau.

Imaginez mon désarroi. Depuis 3 km, je vois des pancartes qui annoncent une frairie au prochain village. Je rêve déjà de la bière qui va me désaltérer le gosier. Mais la-dite bière se fait attendre. Le chemin n'en finit pas, le soleil non plus, tant et si bien que je commence à entonner cette chanson :

Après 3km de folles espérances et d'une attente dont je ne vois pas la fin, je tombe effectivement sur un petit stand rouge ayant toutes les apparences d'un de ces puits à bulles implanté dans les villages où la civilisation a su résister. Mais Ô rage Ô désespoir, on me dit que le bar de la frairie n'est pas encore ouvert. Cependant voyant mon désarroi, le comité des fêtes de Bors de Montmoreau agit. Il décide d'un geste de compassion incommensurable pour venir en aide au pauvre voyageur en déroute que je suis. Le bar est exceptionnellement ouvert pour moi ! (mais pas que pour moi) Je vais pouvoir m'abreuver, m'abreuver et m'abreuver encore... 

Monsieur Babar, c'est un personnage à lui tout seul. Il fait la leçon aux enfants du village qui font trop de bruit avec leurs motos, mais il leur avoue avoir fait pareil quand il était plus jeune. Le président du comité des fêtes est également une bonne nature. Je passe sur les détails, mais on s'est bien marrés même s'il ne doit plus se souvenir du plan général de notre conversation. Enfin, il y a aussi tous ces bénévoles serviables et chaleureux sans qui rien ne pourrait se faire durablement. J'espère que je leur aurai tous porté chance pour leur grande fête du 15 août, le lendemain :

"Les sages et beaux paysages font les hommes sages aussi", Monsieur Babar réfléchit à l'avenir de son village et se prépare pour le coup de chauffe du lendemain :

Intermède gaulois : les filles de Dordogne

C'est étrange, mais dès qu'on se rapproche de la Dordogne, les filles sont beaucoup plus jolies. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai toujours remarqué une sorte d'amour des hommes dans leur regard, en plus d'un comportement féminin très attirant. Je vais vous raconter une anecdote qui ne vous parlera peut-être pas, mais que je trouve très significative. Le lendemain de mon arrivée à Bors, alors que je sors du village, je vois au loin une jeune femme assez quelconque, habillée en mini jupe et qui est assise sur le bord du trottoir. Elle prend son café et me tourne le dos. 3 jeunes filles me précèdent et quand elles la croisent, la jeune femme leur dit bonjour en restant dans cette position assise assez inesthétique. Mais dès qu'elle s'aperçoit qu'un homme les suit, elle se met vite debout, et me fait face avec une sorte de regard mêlé de gêne et d'excuses à faire fondre le coeur de n'importe quel homme qui se respecte et qui respecte les femmes. La veille, les gars du comité des fêtes m'avaient accusé d'être venu ici pour leur piquer une femme. D'un certain point de vue, ils avaient raison car à bien y réfléchir, je crois que pour une de celles-là, j'en aurais été capable.

A noter que le village de Bors de Montmoreau organise chaque année, le 15 août, un bon gros repas de viandard, entrecôtes à volonté dès le matin d'après ce qu'on m'a dit et ceci pour moins de 20 euros. Contrairement à Montemboeuf, je ne reste pas le lendemain parce que le 15 août tombe un vendredi cette année, et que j'ai prévu un jeûne en fin de parcours qui s'accomode mal avec ce genre de festivité.

Mais en Périgord aussi, hommes et femmes connaissent des difficultés pour vivre ensemble.

Après 40 ans de mariage, il s'est fait plumé comme un pigeon sans l'avoir vu venir. Suite au divorce, il a dû vendre sa maison, puis il s'est remis en location avec une autre fille. Sauf que la fille en question était là par intérêt et comme c'est un brave gars, il a répondu à tous ses désirs jusqu'à ce que... il fasse à sa nouvelle compagne ce que sa femme lui avait fait. 

Aubeterre :

La ville est aussi belle qu'on le dit, parfaite pour flâner en couple. Il aurait fallu prendre 100 000 photos et je n'avais plus de batterie. Je n'en ai donc prise aucune. 

Soit belle et...

A l'office de tourisme d'Aubeterre on est bien servi mais il faut poser la bonne question.

Eglise de Rouffiac

Une jolie petite Eglise, en particulier en matière de travail du bois, comme si un artiste de qualité avait sévi spécialement dans ce petit coin de campagne en ébénisterie.

Chalais :

Couple moderne et manque d'ambition

Un couple de jeunes bourgeois est passé non loin de moi alors que je somnolais. La fille d'un ton méprisant ne se voyait pas du tout assimilée à une campeuse. Le garçon au contraire, voyait mon apparente liberté avec envie. Illico presto, elle l'a bien remis au centre de ses préoccupations.

A n'en pas douter, s'ils se marient, il saura qu'elle est là essentiellement pour des questions matérielles.

Cela m'a fait dire que seul le mariage catholique pouvait permettre aux bourgeois d'échapper à la prostitution.

Mais aujourd'hui qu'il a perdu de son sens...

Après une longue collaboration, il se lance dans la charcuterie expérimentale :

Même les carreaux modernes sont de bon goût dans cette chapelle restaurée en centre ville. Elle allait s'effondrer mais les anciens paroissiens se sont souvenus des bons moments qu'ils avaient vécus avec leur prêtre, notamment chez les scouts et ils ont fait un effort considérable. L'effort a été payant puisque c'est un des plus bel espace de prière que je connaisse, si ce n'est que la musique chrétienne qui y est diffusée est un peu trop forte et qu'elle est beaucoup trop commerciale. 

FIN.

Comments

[Séb]

Merci de m'avoir lu et d'avoir laissé ce gentil commentaire.

[julie]

Eh oui merci Seb, de m'avoir fait voyager et d'avoir partagé ce périple, j'ai moi aussi fait un petit tour cet été, mais en voiture. Je repousse encore le voyage à pied mais j'en ressens le besoin. Il faudrait qu'on se revoit un de ces quatre. J'ai beaucoup aimé retrouvé l'air que nous chantait parois Chloé mais dont je n'avait pas perçu les paroles O combien vraies ! Merci pour l'intro géniale sur les choix et la liberté! J'ai bien ri à certains de tes commentaires et aimé l'immersion sous la tente ! Julie des jeudi trad du marais. Bises

[Bruno]

Merci de nous avoir fait partager tes vacances, avec leurs découvertes tant matérielles que spirituelles.



Nous avons tous beaucoup à apprendre les uns des autres, et nous sommes chacun tour à tour (et à la fois) enseignant et enseigné.



Tant qu'il y aura des hommes pour contempler et réfléchir, tous les espoirs sont permis !



Amitiés



Bruno