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Au fil de mes abandons et de mes (nobles) révoltes
28 septembre 2014

"Sapho ou le chant" (moulage plâtre, férailles, chanvre...), Raoul Verlet, début du 20ème siècle, musée d'Angoulême.

Raoul Verlet a grandi dans un cimetière d'Angoulême. Il s'y est fait la main avec son père qui y travaillait comme concierge. Ses sculptures les plus brillantes ne se départiront jamais vraiment de cette culture religieuse de fin de vie, et d'au-delà. Comme si la proximité d'avec les défunts avait nourri sa vocation. 


Dans ce modèle de fonderie en plâtre (1905-1909) restauré admirablement par Lucie Courtiade et que je trouve plus beau que le bronze qu'il a donné, car rendu vivant par des imperfections dues à sa mauvaise conservation, la couronne de fleurs très mortuaire ainsi que l'angelot nous rappellent le rapport étrange qu'il devait entretenir avec l'éternité et avec l'antiquité.

 

Sa sculpture nommée "Sapho ou le chant", représente  la poétesse jeune, délurée, inconsciente, avec un large bassin mais de petits seins. La nudité très renaissance, la mise en scène romantique, la posture du corps exaltée, la pudeur de formes presque enfantines, aboutissent à un tout très kitshouille, mais bizarrement réussi. Il préfigure le "je peux tout" d'une époque qui allait être suivie, évidemment, de nombreux massacres (la même époque, le même côté grandiose, la même esthétique intérieure et la même vanité que le projet Titanic).

 

sapho ou le chant

 

Une oeuvre admirable tant par l'aspect historique que technique mais qui manque singulièrement de sens et en forme de régression spirituelle.

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