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Au fil de mes abandons et de mes (nobles) révoltes
21 septembre 2015

Les personnes âgées ne veulent pas être abandonnées en maison de retraite

Nous sommes devenus les victimes et les boureaux de notre propre matérialisme. Tous ces gens qui ont transmis à leurs enfants l'idée qu'il fallait trouver un métier avant d'aimer, cherchent désespéremment de l'attention à la fin de leur vie. Ils ne veulent pas aller en maison de retraite parce qu'ils y perdent le peu qui leur reste. Mais ils s'y retrouvent contraints et forcés.

Le monde que nous avons construit est tel que même si certains de leurs enfants conservent le désir de les aider, ils n'en ont plus les moyens. Si en raclant les fonds de tiroir, ils ont de l'argent pour payer la maison de retraite, par contre, ils n'ont matériellement pas le temps d'accueillir la personne âgée chez eux. Et quand ils l'ont, le bain d'égoïsme dans lequel nous vivons est si fort qu'il faut avoir construit un couple sacrément solide pour y arriver. Situation de plus en plus rare.

Dispersés aux quatre vents, leurs enfants n'ont pas la possibilité de se répartir la charge de l'accueil, ils ont reçu trop peu d'amour pour pouvoir s'imaginer faire ce sacrifice, ils ne savent pas comment s'y prendre, ils ne sont pas soutenus en cela par la société, qui laisse autorité parfois à des personnes démentes. L'Etat y a tout intérêt, lui qui a la prétention de régimenter la vie de chacun à la place de chacun.

Ainsi beaucoup de personnes en maison de retraite ne survivent qu'avec l'espoir de rentrer chez elles. Elles cultivent leur aveuglement au-delà de toute raison objective, et en particulier quand leur condition physique s'est dégradée sans possibilité de retour.

Face à ce comportement, les membres du personnel soignant ont la tentation de réagir avec eux comme avec les autres personnes "indépendantes" qu'elles côtoient dans la vie de tous les jours, et de leur dire : "Vous ne rentrerez jamais chez vous, ce n'est pas possible". Or je ne vois pas ce que peux leur apporter une parole d'une telle exigence. Mentez s'il vous plaît à une personne en fin de vie. Si celle-ci attend de manière impertubable que ses enfants viennent la voir, dites-lui qu'ils vont venir, et que s'ils ne l'ont pas fait, c'est certainement à cause d'un empêchement. Ne leur laissez pas vouloir perdre la mémoire comme seul remède à leurs souffrances.

 

bechemin doucet

 

Ici, le personnel médical a fait la moitié du chemin. Il a bien menti. Mais il a inscrit dans le marbre une parole qui aurait dû être répétée à l'oral et avec attention par des gens aimants. Il aurait pu également éviter d'insister sur l'"état de santé", et souligner à l'inverse combien il voulait les voir revenir en bonne forme.

Ces paroles positives passent aujourd'hui derrière le désir d'ordre et de vérité. Or ces sentences d'où la vie est absente transforment sans en avoir l'air, des lieux humains en des endroits sinistres et sans espérance. C'est bien dommage. S'il n'est pas encore possible de faire revivre des familles solidaires, nous sommes toujours à même de faire de petits gestes dans notre environnement immédiat, et ainsi, changer le monde. 

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