Avant la résurrection

Pas de métaphore plus significative de notre société que ces peintures d'Eglises, ce mobilier en général à l'abandon, attendant patiemment de disparaître. Nos brillants analystes de la télé nous expliquent que notre pays est en fin de vie démographique tandis que la population n'a jamais été aussi importante. En vérité, ces penseurs se cachent une évidence : nous ne manquons pas de richesse, d'hommes ou de décisions politiques. Nous manquons de foi. Les civilisations sont basées sur des croyances, non sur un tas d'or. L'argent de notre société sert à construire des édifices en béton qui pour la plupart n'ont aucun style, et dont la durée de vie ne dépassera pas 100 ans. Dans le même temps nos fiers constructeurs se gargarisent de leur nette supériorité. Les prétentions de l'idiot impudent n'ont plus de limites. 

S'effondrera-t-elle ? S'effondrera-t-elle pas ? Je vois mon Eglise de Harpes en revenir à la plus grande des pauvretés. Elle retrouve sa romanité dans son essence même alors que la nature reprend ses droits dessus. Les hideux plâtres de la fin 19ème se fendent, les statues perdent leurs mains, les croix tombent, les peintures s'écaillent, la pauvreté du Christ prend chair. Quel merveilleux endroit pour prier, tout comme ces cimetières laissés à l'abandon et dont les tombes paisibles penchent de partout un jour de soleil. Au milieu de notre volonté de rentabilité, foi saugrenue, ce sont des hâvres de paix. 

Saint Pierre en perd ses clés :

Il faut imaginer pour voir :

Combien d'agenouillements pour user cette seconde marche... La foi de nos ancêtres inscrite dans la pierre.