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Au fil de mes abandons et de mes (nobles) révoltes
15 mars 2020

(covid19 #1) La crétinerie de certains de mes frères catholiques face au coronavirus

02/06/2021 : Je vois que je dois remettre ce message dans le contexte de l'époque : à cet instant, notre président nous demande d'aller voter, et de sortir au théâtre comme si de rien était. Voilà plusieurs mois que les autorités chinoises nous envoient des signaux alarmants qui ne provoquent aucune réaction dans notre pays. En vérité, nous ne savons pas à quoi nous faisons face. 

Sur mon vélo, j’approche de l’Église. Ce matin, juste avant d’arriver à la messe, j’espère que nous allons célébrer dans la cathédrale de l'abbaye, histoire d’éviter les contaminations. Première surprise, le saint sacrifice aura lieu dans la petite chapelle où nous serons tous confinés et en contact les uns avec les autres. Tout cela parce que mes frères ont froid. Ils sont très frileux, mais ils n’ont pas peur de tomber vraiment malade semble-t-il. Soit. C’est l’organisation catholique, c’est à dire l’absence de toute organisation sous prétexte de foi ou de notabilité, ici des deux. Je m’y suis fait.

 

Et puis, le prêtre, dans son petit mot d’introduction, me fait tiquer. Ca ne va pas s’arrêter là. Il commence par une évocation de l’épidémie et de nos réactions de retrait et de peur. Je sens que ça va partir en sucette. Pas manqué. Le tiers de l’assemblée pouffine (nda : tousser avec insistance en langue saintongeaise), et s’est rendu ici malade. Vous allez avoir l’explication dans l’homélie. Car ceux-là sont bien en communion d’esprit avec le prêtre. Dans son homélie donc, celui-ci se lance dans une longue diatribe sur cette société qui rejette le spirituel, qui vit dans la peur, tandis que les actes de foi sont capables de sauver le monde. La preuve, cette procession à Sainte Geneviève qui a guéri tout une ville de la peste, il y a mille ans de ça (petite confusion du prêtre entre la vie de Sainte Geneviève et la date de la procession). Lors de la quête, c’est une des dames qui est bien malade et qui vient nous demander de l’argent. Personne d’autre n’était disponible apparemment. Enfin, la cérémonie se termine en apothéose avec l’acte de foi de notre curé qui nous l’affirme haut et fort, il n’est pas question qu’une quelconque maladie, dont certains exagèrent les conséquences, ne change en quoi que ce soit ses habitudes. Il célébrera plein d’une ferme confiance en Dieu, et nous incite à prier une neuvaine (1 chapelet pendant 9 jours) dans les jours qui viennent pour chasser l’épidémie. Comme ça, Marie sera aussi de la partie. La boucle est bouclée. Je m’éclipse durant le chant d’envoi, histoire de ne pas mélanger mes miasmes avec tous ces inconscients.

 

Durant la peste, mes pauvres ancêtres catholiques étaient ignorants des modes de contamination de cette maladie. Ils n’avaient que la prière pour les soulager, et celle-ci ne les délesta jamais de leurs peurs contrairement à ce que notre curé affirme. Bien au contraire. Elle les enferma dans l’idée qu’ils ne mouraient pas sur terre. Dieu eût pité de ses enfants, par l’intercession de Sainte Geneviève, la ville fut guérie. Mais voilà que quelques centaines d’années plus tard, nos réactions sont toujours aussi enfantines, et ce qui est plus grave : malgré les découvertes scientifiques récentes. Il est vrai que toutes nos connaissances ne guériront jamais l’humanité du mal profond qui la ronge. Cependant, l’un de ces maux c’est justement d’ignorer la raison pour se complaire dans un tout-à-Dieu qui ressemble à un suicide. A l’autre extrémité, en miroir, de pauvres scientistes croient pouvoir se passer de religion, en misant sur leur cerveau de bipède. Les uns et les autres sont aussi dangereux dans leur manière puérile de voir le monde. Toutefois je n’ai pas à donner des leçons aux idiots sans Dieu. Mon Eglise me préoccupe déjà assez.

 

Chez nous, l’aveuglement par la foi permet d’éviter les souffrances personnelles, en forme de repli, souvent marial. C’est un déni de la croix. Nous imaginons alors que Dieu va nous soulager de toute réflexion, jusqu’à nous guérir de nos maladies physiques. S’Il agit de la sorte quand le poids est trop lourd ou nos prières trop insistantes ou pour nous remettre à notre place, plus généralement, Il attend que nous agissions avec discernement, et que nous supportions nos handicaps sans les accentuer, sans augmenter les souffrances de nos prochains. Ainsi, être laxiste en cette période d’épidémie, et s’en remettre à Dieu alors que désormais, nous connaissons le versant biologique de cette maladie, c’est agir en tentateur du Seigneur et lui dire : « Guéris-nous ». Guéris-nous de quoi puisque nous allons mourir un jour.? Le tout étant de ne pas propager la souffrance inutilement. Or combien de personnes vont être contaminées par cette attitude négligente des catholiques, combien vont mourir précocement à cause d’une telle absence de réflexion ?

 

Pour se donner de la contenance, notre curé estime que la peste était bien plus terrible et que les croyants de cette époque ont été bien plus fidèle à Dieu. Avec un taux de mortalité de 5 %, la peste n’est pas si éloignée des 3 % du covid19 (chiffre à vérifier dans quelques années). Or ces 5 % ont fait reculer la population d’un tiers en Europe. Il est à imaginer qu’avec une telle attitude, ce sont les catholiques véritablement croyants qui ont été décimés en masse. Peut-être pourrions-nous trouver là un début d’explication à la catastrophe religieuse qui a suivi, durant la renaissance. Les catholiques se sont affaiblis d’eux-mêmes par manque d’hygiène. Plus tard, ils ont dû subir à l’identique, de plein fouet, la grippe Espagnole en 1917, et depuis, nous ne sommes plus grand-chose dans la société française, ou de moins en moins.

 

peste

Pas étonnant non plus, que les athées nous regardent d’un œil méfiant, car comment faire confiance à des personnes si dénuées de bon sens qu’elles confient à Dieu de les guérir physiquement, alors que Dieu est surtout là pour nos âmes. Ainsi, soit nous mourons de notre bêtise, soit nous faisons fuir les personnes douées d’intelligence. Dans de telles conditions, le déclin de l’Église était inévitable.

Car ce que j’ai vu ce matin, n’est pas propre à ma paroisse. Ce serait trop beau. Notre Pape a autorisé ses prêtres à visiter les malades du covid19. A-t-il pensé qu’ils les transformaient ainsi en messagers de mort pour tout leur entourage ? Certes non. Notre Pape est encore attaché à d’anciennes pratiques de visite des malades dans un cadre sanitaire inexistant. Il a cru comme tant d’autres, que le monde n’avait pas changé. Idem du côté d’une blogueuse catholique pour qui j’ai le plus grand respect. Celle-ci est tombée dans le même panneau que mon curé, ou que le Pape François, bien que traditionaliste. Pour elle, il nous faut continuer à pratiquer à l’identique, sans prendre en compte les circonstances. J’ai bien peur que Dieu nous fasse plier l’échine jusqu’à ce que nous comprenions. Et peut-être fera-t-il comme à son habitude, qu’il en sauvera quelques uns pour donner une chance de comprendre à nos successeurs.

 

Ce carême est très étrange. Il l’est de plus en plus. Je ne sais pas comment il va se terminer, mais pour moi, il est certain que je reviendrai à l’Église quand mes frères seront morts ou qu’ils auront pris un peu de plomb dans la tête (ou dans les poumons en l’occurrence). J’aurais vraiment aimé continuer à aller prier, malgré l’épidémie, mais je ne peux pas le faire en compagnie de tels inconscients qui ne prennent aucune mesure sérieuse pour assurer la sécurité de leur prochain. Et qui d’ailleurs, n’ont même pas conscience de l’existence du fait biologique.A ce propos, la foi catholique n’est pas un déni de la nature, mais une prise en compte transcendante de celle-ci.

 

Je suis très en colère pour mon Eglise. Le manque de foi dépasse à cette occasion tout ce que j'ai pu vivre auparavant. Car il faut de la foi pour accepter d'évoluer dans ses croyances. Or nous nous accrochons à nos certitudes, d'où la désorganisation.

 

Comme pour le reste de la société, cette épidémie est révélateur d'un désastre plus large. Si je survis, je continuerai à évangéliser autour de moi, pendant que mes frères auront des comptes à rendre à Dieu pour les souffrances qu’ils ont imposées aux petits.

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Commentaires
A
Oh, la, la ! Vous êtes bien sévère avec vos compatriotes catholiques ! Mdr<br /> <br /> D'autres ont une foi aveugle en les scientifiques et les médecins pourtant ceux-ci nous offre un spectacle désastreux de confusion et de conflits entre eux.<br /> <br /> Bien sûr qu'il ne faut pas être inconscient et qu'il faut respecter les mesures de protection de base, mais au final je pense que vos amis cathos n'attraperont pas plus le virus que les autres parce que ce qui l'attire, c'est la peur.
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