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Au fil de mes abandons et de mes (nobles) révoltes
20 juillet 2013

Pour une défense de la langue française à l'université.

Suite à l'émission de M Finkielkraut sur la généralisation de cours en langue anglaise à l'université :

 

J'appelle à signer la pétition suivante, la mieux référencée sur Google :

 

http://www.petitions24.net/contre_la_loi_esr_fioraso_parce_que_pour_la_langue_francaise

 

Voici ma réponse à M Finkielkraut pour expliquer ce choix :

 

 

M Finkielkraut,

 

 

 

Je bous à l'écoute de votre émission et il me faut vous écrire, spécialement, puisque dans ce pays nous semblons si peu nombreux à avoir gardé notre bon sens. Tout mon cœur et mon corps se révoltent quand j'entends qu'on pourrait généraliser des enseignements d'Anglais en France. J'écris régulièrement sur un petit blog et je voudrais vous relater mon expérience. Pour des questions politiques, dans mes débuts, j'ai essayé de toucher un public plus large et je me suis adressé à des groupes de lecteurs de langue anglaise. Très vite, je me suis aperçu que nous n'avions pas la même façon de penser, ou les mêmes préoccupations, ni la même manière de parler en Anglais. C'est beaucoup de temps passé pour peu de résultats. J'ai donc réduit le nombre de mes articles en langue anglaise à l'essentiel. Pire, je me suis aperçu que lorsqu'on touche à des problèmes de société, à des questions philosophiques ou bien économiques, la langue est intriquée dans un réseau grammatical et culturel qui nourrit un peuple ou ne le nourrit pas. Ainsi, lorsque je veux me faire entendre de citoyens américains, il est inutile pour moi d'aborder certains sujets trop « abstraits ou philosophiques », il faut que je me tourne vers des analyses intellectualisées du quotidien, dont ce public là est très friand. En somme, je néglige ma propre culture et doit passer plus de temps sur des questions que je maîtrise mal. Le temps que je consacre à une autre culture, je ne le passe pas à développer la mienne, et les propres questions qui taraudent notre société française restent en suspens. L'attrait pour un pays ou une langue, attraits qui se confondent, découlent de la capacité de ses élites à pousser plus loin que jamais et sous des aspects culturellement spécifiques des formes de pensées qui n'ont jamais été développées auparavant, dans aucun autre pays. Tel est le sens de la culture. A un haut niveau, le penseur atteint un niveau d'universalisme aisément reconnu dans le monde entier. L'inverse n'est pas vrai sauf à renoncer à sa propre culture pour en développer une autre. Ce faisant, celui qui abandonne sa culture laisse tout un pan de la pensée universelle en plan. Il n'y a pas de distinctions à faire entre la complexité d'une langue, le niveau culturel d'un pays et la pratique de cette langue. Moins on passe de temps à travailler une langue, moins elle a de chance de se complexifier, plus on tire vers le bas ses lecteurs, plus le niveau culturel d'un pays régresse.

 

 

 

L'année dernière, j'ai été en Suède, j'ai discuté avec des Suédois d'un bon niveau intellectuel qui m'ont confirmé que la généralisation de l'Anglais avait fait baisser le niveau de Suédois.

 

 

 

La colonisation de l'Anglais à travers l'économie, je la trouve proprement effarante. J'ai fait des études d'économie et je sais aussi à quel point les questions économiques peuvent être également des questions culturelles. Le grand patron qui a développé « publicis » ne me contredira pas sur ce point. Les agences internationales qu'il a installées dans le monde entier, parlent la culture du pays. C'est ainsi qu'il explique sa réussite. L'invasion de mots anglais dans notre vocabulaire est inévitable dans certains cas, mais elle ne doit pas être généralisée, en particulier quand un substrat français peut très bien faire l'affaire. Il en va du niveau de notre langue certes, mais aussi de notre université, de nos rapports au quotidien, en bref de notre culture.

 

 

 

Merci de défendre si chèrement, ce qui fait de nous notre humanité dans nos différences, le Verbe.

 

 

 

M CORNUT.

 

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